En adaptant le récit de Poe, The Premature Burial compose un personnage principal dont la névrose, à savoir la peur de se retrouver enterré vivant et de mourir lentement sous terre, le change en mort-vivant : il n’apparaît aux yeux de son entourage que comme une ombre planant sur un tableau séduisant – les richesses promises par la perspective d’un héritage. La noirceur de l’œuvre littéraire, qui n’est pas sans rappeler celle du premier roman publié par Zola, Thérèse Raquin (1873), quelques décennies après, est ici parfaitement retranscrite par l’installation d’une atmosphère anxiogène : les trois décors principaux sont formés d’un cimetière plongé dans le brouillard avec son esthétique gothique, son intérieur salon baroque et l’intérieur du tombeau érigé par Guy, sorte d’abri dans lequel survivre après son retour à la vie.


Le récit ménage ses rebondissements en prenant soin de les installer dans la durée, et multiplie les préfigurations de la mort qui guette : les objets et les lieux ressemblent à des cercueils, depuis les trous creusés dans le sol jusqu’à la boîte à cigares. Surtout, le long métrage offre au spectateur une séquence d’hallucination superbe au cours de laquelle Guy assiste au spectacle du pourrissement de chaque chose, rongeurs et asticots ayant remplacé la nourriture et le poison versé dans la couple. Ce qui tue le protagoniste est donc moins la mort en tant que telle que son idée, incessante et obsessionnelle, ressassée encore et encore. Une belle réussite dans la filmographie prolifique de Roger Corman.

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le 29 mars 2021

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