Sans être profondément original, voilà une comédie dramatique solide et parfois très prenante. Alors bien-sûr le canevas est assez conventionnel (comme A girl in every port de Hawks et surtout le séminal What price glory de Raoul Walsh) d'autant qu'il fut suivi par de nombreux titres du même genre dont Men Without women de John Ford où l'ont retrouve aussi un sous-marin en détresse. De plus, le personnage féminin est bâclée, la gestion du temps est assez hasardeuse et on n'échappe pas à plusieurs péripéties prévisibles
Mais Capra sait indéniablement raconter une histoire, rendre vivant des personnages, les nourrir de dilemmes et créer une dramaturgie qui ne manque pas de suspens dans sa seconde partie. Cette dernière suit donc un équipage prisonnier au fond des océans, trop profond pour qu'on puisse les rapprovisionner aisément en air. Une partie sombre et pessimiste qui vient une nouvelle fois torde le coup à la candeur optimiste indécrottable du cinéaste. Certains moments sont glaçants et la folie étouffante se fait de plus en plus tenace avec une fatalité et une résignation plus que palpable, servie par une photographie suintante et transpirante à souhait.
Avec sa courte durée et sa narration tenue, on n'a vraiment pas le temps de s'ennuyer et la réalisation de Capra est décidément fluide et toujours dans le bon tempo que ce soit dans les moments légers dédiés à l'amitié franche et virile, les passages plus psychologiques (sobre et aux acteurs très justes), la tension et l'utilisation de stock-shots très habiles (qui annoncent ainsi le gros travail de montage de la série des Why we fight),
Il faut croire que Capra trouvait du potentiel dans ce registre car il reprendra son duo masculin (Jack Holt et Ralph Graves) dans Dirigible à la structure assez proche.