Premier long-métrage d'Albert Pyun, L'Épée sauvage est aussi son premier nanar… quoique vu à quel point je me suis ennuyé, on n'est pas si loin du navet non plus. Pour le coup, difficile de dire à quel point le producteur Brandon Chase est venu foutre la merde au niveau de l'intrigue et du montage… bon, on a quand même droit à un « a Brandon Chase film » lors du générique d'introduction, sans parler du fait qu'il a forcé pour que son fils ait droit à un petit rôle. M'enfin, ce ne sera pas la dernière fois qu'Albert Pyun se verra voler son montage.
Au niveau de la narration, idem, on sait qu'on est dans un film d'Albert Pyun, premièrement parce qu'elle est éclatée au sol (coucou Nemesis) ; deuxièmement, parce qu'on préfère nous relater les événements via une voix-off plutôt que de nous les montrer. Je sais bien qu'avec un budget de « seulement » 2 millions de dollars, qu'il était forcément plus facile de dire qu'une bataille venait de se produire plutôt que de nous la montrer, mais je crois qu'on aurait pu avoir droit à mieux. Surtout qu'en plus de ça, on se tape certaines séquences durant lesquelles les personnages sont obligés de nous expliquer comment fonctionne l'univers du film à voix haute. L'autre truc, c'est que le film donne l'impression d'aller à mille à l'heure durant ses 20 premières minutes avant de freiner brusquement pour prendre son temps sur des séquences moins intéressantes.
Certaines scènes frisent l'anarchie, notamment la grosse séquence de baston durant le banquet à la fin… sans surprise, il y a eu de nombreux blessés sur le tournage, mais aussi un mort (il y a aussi quelques maures, mais ils n'occupent que des rôles secondaires). On sent que ce fut un tournage « à l'ancienne », avec des règles de sécurité pas bien respectées. D'ailleurs, parmi les épées qui se brisent en morceaux lors des combats, certains desdits morceaux ont fini par se planter dans la peau de certains acteurs et autres figurants.
La fin est un peu ridicule de toute façon, que ce soit à cause de son twist bidon ou de l'annonce de la suite… qui sortira 28 ans plus tard. J'ai hâte de voir ça ! (c'est faux)
La plupart des acteurs du film sont aujourd'hui de parfaits inconnus, la plupart ayant été abonnés à des séries B. Le plus « populaire » d'entre eux, Richard Lynch, a joué dans le premier Halloween de Rob Zombie ou encore dans L'Épouvantail, mais rien de bien exceptionnel cependant. Le personnage principal, Talon (qu'on pourrait traduire par « Serre » parce que Talon en français… voilà quoi), interprété par Lee Horsley (connu pour la série Matt Houston et pour avoir joué deux rôles secondaires dans les derniers Tarantino), m'a cependant beaucoup fait penser à Talion dans Shadow of Mordor, ce qui expliquerait son manque de charisme. Dans l'ensemble, les personnages ne sont pas très intéressants : un peu trop caricaturaux à mon goût, mais surtout, beaucoup trop nombreux. La VF n'est pas désagréable par contre, Richard Darbois doublant le personnage principal du film et Georges Aminel doublant l'un de ses grands méchants.
Le long-métrage a tout de même droit à quelques qualités bien pyunesque comme un mur de visage ensanglanté plutôt réussi lors de la séquence d'introduction, une lame secrète à la Assassin's Creed, des soldats avec des lames-griffes ou encore une épée à trois lames capable d'en propulser deux : une idée toute aussi stupide que géniale.
Bref, pas aussi sympa à voir qu'un Nemesis ou un Cyborg, mais plus intéressant qu'un Kickboxer 2. De là à ce que je vous le recommande… à la limite, je serais bien plus tenté de vous recommander Le Seigneur de la guerre de Franklin J. Schaffner, sorti en 1965 (L'Épée sauvage a une esthétique qui fait très film des années 60 par moment de toute façon) qui m'a beaucoup fait penser au film dont il est question ici, et qui se révèle bien meilleur.