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X-Wings vs Messerschmitts = un bel étron bien cosmique

Red Tails. Putain. Dernière production George Lucas, Red Tails est un film développé, tourné et sorti dans l’indifférence générale. C’est un projet que George Lucas tenait visiblement à cœur puisqu’il a fait le tour des studios pour se le faire co-financer, chose qu’il n’a pas pu obtenir. Fort de son échec, il ouvre lui-même le porte-monnaie de Lucasfilms pour faire ce beau film au message intemporel et inédit : ah que le racisme c’est pas bien. 100 millions pour faire ce navet cosmique qui n’est finalement qu’une sorte de Glory du pauvre avec 20 ans de retard. Car oui, même si Edward Zwick n’est pas un grand réalisateur, Glory est un bon film, luxe que ne se paie pas Red Tails, signé par un quelconque anonyme de l’écurie Lucas qui se rapproche vaguement d’une sorte de Spike Lee version Emmaüs.

Pour comprendre Red Tails, il faut partir de ce principe simple : dès lors que les avions sont en vol, il n’y a pas de prise de vue réelle en ce qui les concerne. Tout est fait en images de synthèses (et même pour des choses minimes qui n’ont rien d’irréalisables avec de vrais avions). Déjà, rien que ça, pour quelqu’un comme moi qui a grandi avec des films La Bataille d’Angleterre, ça ne pardonne pas. Quand on a plus de 50 millions de budget, il n’y a rien compliqué dans le fait d’obtenir des avions et de les faire voler. Bon, après tout, on pourrait se dire qu’on a affaire à un réalisateur qui sait utiliser les images de synthèse, comme Fincher... Ben non hein, faut pas rêver. C’est juste dégueulasse, c’est découpé n’importe comment, y’a un aléa total dans l’enchainement des plans, c’est blindé de zooms dans l’image immondes (alors oui, c’est une grande nouvelle mode, je ne sais pas d’où elle sort, ça vient peut-être des Experts ou de 300 de Zack Snyder, mais en tout cas c’est bien laid la plupart du temps).

Le mec, il doit avoir Star Wars III comme film préféré : overdose d’images de synthèse dégueulasses ne trouve son égal que dans l’irréalisme des combats à tel point qu’on pourrait penser que le mec pense faire combattre ses avions dans l’espace. Pas besoin d’être un fin connaisseur du combat aérien pour comprendre qu’un avion à hélice ça se pilote pas comme un X-Wing et que tu peux pas faire des tonneaux ou des pirouettes n’importe comment avec. Parce que bon, une manœuvre comme ça : http://youtu.be/BpA6TC0T_Lw?t=2m13s , ça n’existe pas hein, même pas en rêve tu la fais avec ce genre d’appareil.

Enfin bon de toute façon, c’est pas comme s’ils s’étaient encombrés à avoir un consultant militaire. Parce que bon, la moindre des choses quand tu fais une histoire que tu « prétends vraie » pour rendre hommage à des vétérans, c’est de ne pas inventer des faits ou de raconter n’importe quoi. Alors j’aimerais qu’on m’explique pourquoi des bombardiers qui vont en Allemagne vont avoir une escorte de chasseurs qui vient d’Italie. Enfin les bombardiers Américains ils décollaient logiquement d’Angleterre ou de France. Je dis ça, je dis rien.

S’en suit des séquences plus atterrantes les unes que les autres où notre bon vieil escadron de Red Tails va être confronté à des Me-262, des avions à réaction Allemands. Comme si c’était déjà pas assez Star Wars avant, là ça devient encore pire. Mais bon, règle d’or classique : les Allemands, en plus de ne pas savoir piloter, ne savent pas tirer. Ou même quand ils arrivent à toucher (sachant qu’ils tirent avec leurs canons donc de gros calibres), ça ne détruit pas l’avion Américain, au pire ça l’endommage. En revanche, dans l’autre sens, une rafale de mitrailleuse et hop, l’avion Allemand se désintègre. Formidable ! Les mecs ont des calibres magiques. Calibres qui seront mis à l’épreuve lorsqu’une tête brulée ira couler tout seul un destroyer Allemand (bon, ça ressemble à un cuirassier, mais passons) juste avec ses mitrailleuses. Alors je ne sais pas, peut-être les Allemands s’étaient spécialisé secrètement dans la fabrication d’avions et de bateaux en carton... Et puis les Allemands, ils sont très méchants hein. A chaque fois que le boss des escadrilles Allemandes se pointe, il marmonne un obscur truc dans sa langue de germain à sa radio en fronçant les sourcils, le gars on dirait juste un Sith quoi.

Puis bon, au début du film, lorsqu’on les voit attaquer un groupe de bombardiers (qui n’ont pas encore l’escorte Red Tails...), ça va, c’est peinard quoi, c’est le jardin d’enfants pour les méchants Allemands. Alors que bon, même si les bombardiers sont des cibles faciles, ils sont aussi armés dans de nombreux axes et les pilotes de chasse le redoutaient aussi, faut pas croire. Mais bon, là ils sont très cons donc on s’en fout. Très cons comme les blancs, d’ailleurs. Car oui, à part quelques exceptions, les blancs sont très cons. Et le méchant général blanc du début qui dit que les noirs dans des avions c’est pas bien, lui il est encore plus con parce que même lorsque les mecs ramènent des victoires, il change pas d’avis. Il faut dire que je me suis longuement demandé qu’est-ce qui était le pire entre les phases aériennes guignolesques et l’écriture des dialogues lorsque les pilotes sont au sol.

Puis dans le genre « on est plus à ça près », j’aimerais qu’on m’explique depuis quand on donne le départ d’un décollage avec un pistolet (car bon, c’est juste évident qu’une vingtaine d’avions sur la piste ça fait pas du tout de bruit, ce qui est très pratique pour entendre le coup), ou encore depuis quand les avions ont des webcams intégrées un peu partout. Car oui, visiblement, en rentrant de mission, les pilotes peuvent « visionner » leurs exploits car tout est enregistré sur pellicule, et sous plusieurs angles. A croire qu’ils ont que ça à foutre de blinder leurs avions de caméras et que dans l’armée US ils ont une réserve de pellicule illimitée.

Plus le film passait, plus j’avais l’impression de me retrouver au milieu d’une partie multi bordélique d’un quelconque jeu de dogfight aérien. Puis même le sound design il vient de Star Wars. Car oui, l’espace de quelques secondes, on entend le fameux hurlement des Tie Fighters. Au moins, le mec ne fait pas les choses à moitié.

Vous aurez compris que c’est moche visuellement, auditivement, que l’écriture est à chier (pourtant, c’est le même scénariste que Les Rois du Désert, dommage...), j’en ai pas parlé, mais que les acteurs sont à chier (de toutes façons, quand t’as Cuba Gooding Jr. dans ton film, tu sais que c’est un DtV), que les personnages le sont tout autant, que y’a rien de réaliste, que la bande-son est moche et hors-propos...

Ça vaut le détour juste pour la citation de début qui est aussi pathétique que facile « Blacks are mentally inferior, by nature subservient, and cowards in the face of danger. They are therefore unfit for combat. – 1925 US army war college study ». Comme c’est original d’ouvrir ce genre de film sur ce genre de citation, mais oui, tout à fait.

A voir si on est curieux de découvrir un des films qui pourrait rentrer aisément dans le très convoité top10 des films les plus laids de la décennie.
ltschaffer
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le 19 nov. 2012

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Lt Schaffer

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