Dans le nord-est de la France, durant l'hiver 1944-45, une jeune femme blessée est recueillie par une patrouille américaine dans le no man's land séparant les lignes des Alliés et du Reich. Alexandra Bastegar (Tina Louise) est en réalité une espionne nazie, dont la mission est d'infiltrer les troupes américaines stationnées dans les Vosges, et de prévenir son camp des mouvements adverses. La Wehrmacht s'apprête en effet à lancer l'opération Nordwind, ultime tentative de reconquête sur le front de l'Ouest. Malgré l'intuition du colonel Devlin (Howard Kree), en charge du secteur, et les efforts sur le terrain des hommes menés par le capitaine Bart Macklin (Carleton Young), les Américains rentrent bredouilles de chaque mission de reconnaissance, les Nazis semblant devancer leurs moindres mouvements...
Il faut dire que la charmante jeune femme fait bien son boulot d'espionne. Durant sa convalescence, elle profite de sa situation - hébergée dans la seule chambre d'une maison occupée par ses sauveteurs - pour glaner de précieuses informations, qu'elle fait transmettre par quelques habitants du village enclins à la collaboration. Afin de gagner la confiance des soldats américains, elle n'hésite pas à séduire le brave sergent Mike (Earl Holliman), mais éveille malgré elle l'appétit du bestial Skee (Burt Reynolds). Elle en subira les conséquences sans broncher...
L'Espionne des Ardennes - titre français pour le moins farfelu, puisque l'action se déroule dans les Vosges - est un film de guerre réalisé par Byron Haskin (L'Île au trésor, La Guerre des mondes), sorti en 1961. Un film pas vraiment resté dans les mémoires, notamment en raison d'une dernière demi-heure confuse. Sans être brillante, la première heure, qui déroule l'histoire de l'espionne, est plutôt correcte. Mais la fin, qui se résume à une énorme offensive de blindés allemands sur le village où stationnent les Américains, vient à peu près tout gâcher. Les dialogues s'arrêtent, et on a droit en contrepartie à une succession ininterrompue d'image de chars écrasant tout sur leur passage, de canons fumant, de maisons s'écroulant, de soldats tirant, tout cela dans la plus grande confusion. La débauche de matériel est impressionnante (le film a reçu l'appui des forces U.S. alors stationnées en Bavière, où a eu lieu le tournage), mais on ne comprend plus rien, surtout que les mêmes images sont utilisées plusieurs fois.
Dommage, car il y avait matière à tirer quelque chose de plus étoffé que cette histoire d'espionnage délaissée en cours de route au profit d'un clip martial sur des tanks. Les interprètes d'Armored Command sont honnêtes, notamment Earl Holliman dans son rôle de bon sergent un peu naïf, Butch Reynolds en brute vicieuse, et Howard Keel en officier supérieur viril et compétent. Mais c'est évidemment la ravissante Tina Louise, seul personnage féminin, qui fait tout l'intérêt de ce film. Séduisante en diable, alternant entre le registre de la faible femme en détresse et celui de l'ennemie remplie de haine, elle confirme les promesses de ses débuts au cinéma, que ce soit dans l'excellent western La Chevauchée des bannis (1959) ou son inoubliable rôle de Griselda dans Le Petit Arpent du bon Dieu l'année précédente.