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le 25 févr. 2020
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Article à retrouver sur CinéSéries
David Perrault, salué pour son premier film « Nos héros sont morts ce soir », revient à du cinéma ambitieux avec L’État Sauvage, western français se passant dans le Missouri. Un résultat formellement très abouti mais malheureusement assez vide.
L’État Sauvage aborde une page méconnue de l’histoire liant la France et les États-Unis, permettant d’illustrer les rapports qu’il pouvait y avoir dans cette époque meurtrie. Il n’en fallait pas plus à David Perrault pour se ruer vers un genre culte dans l’histoire du cinéma américain, mais très peu arpenté par le cinéma français : celui du western.
Dès son premier plan, le cadre est planté et les ambitions affichées. La nuit est noire, une diligence apparaît au ralenti, la lumière pose le genre et le mystère. Le film se donne les moyens de ses ambitions et on se dit rapidement que nous allons assister à quelque chose d’à la fois unique et audacieux dans la production cinématographique française actuelle.
L’État Sauvage et son univers visuel affirmé
Le film joue son va-tout sur deux cases : celle d’un enfermement et d’une ouverture sur le monde doublé d’une course contre-la-montre. Une symbolique évidente, et désormais courante qui renvoie à une certaine idée de l’émancipation féministe. Il y a une volonté à la fois d’être très respectueux du médium western, d’en utiliser tous ses gimmicks et d’aller autre part, de toucher au conte et y apporter une pointe de modernité.
Au genre du western va s’ajouter celui du road-trip et du voyage, permettant au cinéaste et à son équipe technique de s’exprimer visuellement, et de bien belle manière. Parce qu’avant toute chose, L’Etat Sauvage reste un film de chef opérateur, de techniciens. Il faut louer le travail de Christophe Duchange qui donne une identité romanesque au film. Le jeu sur la lumière, sur les lueurs donne une patte esthétique vraiment positive et accentue la dimension mystérieuse propre au genre. C’est sans rappeler récemment Les Frères Sisters de Jacques Audiard, qui utilisait une esthétique de la nuit assez proche finalement, notamment lors des séquences de fusillades. Le travail de reconstitution, à la fois sur les décors et les costumes, est lui aussi d’une grande minutie. D’autant plus pour une (petite) production de ce calibre.
L’enfer est pavé de bonnes intentions
À la lecture de ces premiers paragraphes, vous devez vous dire que beaucoup de choses positives semblent s’accorder. Malheureusement les bonnes intentions sont plombées par des interprétations assez moyennes, flinguant alors la dimension mystique et romanesque du film. Difficile dès lors de rester accroché, tant cela peut sonner faux. Casting français et international conjointement concerné.
Pourtant, sur le principe, il y avait de l’idée. Les choix d’Alice Isaaz et de Déborah François semblaient plus que judicieux, leurs visages ayant quelque chose d’intemporel. Mais il y a un réel décalage qui se créé entre les intentions et l’exécution. Et ce n’est pas la prestation de Kevin Janssens – aperçu dans Les Ardennes – en mercenaire mystérieux ou bien celle de Kate Moran qui relèvent le niveau. Dès lors, on se dit que la faute reviendrait davantage à la direction du réalisateur, qu’a des comédiens et comédiennes habituellement justes.
Là où le bât blesse, c’est dans le scénario : léger, et avec des symbolismes assez lourds. Pour un film qui souhaitait abattre des cloisons, celui-ci reste finalement bien campé dans des sentiers maintes fois battus. Le second film de Perrault s’enlise alors dans un enchaînement de situations improbables et prévisibles. Alors qu’il faisait preuve d’une ambition généreuse et d’un désir de genre bienvenu, L’Etat Sauvage ne concrétise pas ce qu’il entreprend. La faute à un message maladroit. Comme un acte manqué.
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le 25 févr. 2020
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