Fane (Jean-Pierre Bacri) part de sa banlieue avec Lilas (Pauline Laffont) et son frère Mo (Jacques Villeret), un handicapé mental, pour s'installer dans la maison familiale héritée de sa mère. Ils s'installent mais les ennuis arrivent vite entre le comportement infantile de Mo, la personnalité et le physique de Lilas et André Voke (Guy Marchand)qui a des vues sur leur maison ...et sur Lilas...
Avant de réaliser des "Bessoneries", Gérard Krawczyk était un cinéaste ambitieux qui proposait de vrais univers.
Ici , on se croirait presque chez du Chabrol avec ce village où règnent des tensions à cause d'un habitant qui veut acheter la maison familiale (comme dans "Poulet aux vinaigres" où des hauts placés voulaient acheter la maison du personnage joué par Stéphane Audran !). D'ailleurs le cinéaste de la Nouvelle Vague joue un petit rôle de curé (il a du s'amuser !) comme un clin d'oeil et pour assumer la référence.
Sauf que dans "L'été en pente douce" , il n'y a pas de meurtre même si on sent que cela pourrait arriver vu la tension entre les Voke et Fane .
Le réalisateur créée une ambiance limite western crépusculaire entre la chaleur et l'harmonica qu'on entend régulièrement . Et puis dans un sens c'est un duel entre André Voke et Fane et dans une certaine mesure son frère Mo.
Le film décrit la jalousie qu'il peut y avoir dans un village. Et cette jalousie a pour nom Lilas : une jeune femme d'une beauté incroyable au comportement insolent qui ne plait pas à tout le monde.
Pauline Laffont trouvait ici peut-être son rôle le plus marquant. Une belle carrière aurait pu s'offrir à elle....
Et le film parle de tolérance à travers Mo, un handicapé mental dont on apprendra assez rapidement que ce n'est pas de naissance mais suite à une désobéissance ...
Dans un rôle qui était prévu pour Coluche (on voit au début du film une photo de l'humoriste comme pour lui rendre hommage suite à son "accident"), Jacques Villeret est stupéfiant. On croirait vraiment un handicapé. Une de ses compositions les plus mémorables.
Guy Marchand est toujours parfait dans des rôles antipathiques, On a du plaisir à voir le toujours excellent Jean Bouise.
Après des années de rôles secondaires (notamment dans "La 7ème cible" au côté de Lino Ventura qui avait fait beaucoup d'éloges sur son jeune partenaire) et avoir eu un rôle un peu plus grand dans le curieux polar "Mort un dimanche de pluie", Jean-Pierre Bacri accède enfin à un un premier rôle. Et ce qui étonne avec le recul c'est qu'il y joue déjà un râleur au bon coeur (faut le voir prendre dans ses bras Villeret pour voir toute l'humanité que dégage Bacri...).
Sans être un carton, "L'été en pente douce " se fit plus que repérer entre son ambiance moite et sa distribution impeccable. Mais cette atmosphère ne plaira pas à tout le monde: d'ailleurs rien que sur ce site on voit que le film divise quelque peu ...