Récemment devenue veuve, Margaret Carey (Dorothy McGuire) n’a plus les moyens de faire vivre ses trois enfants et se voit contrainte de déménager vers une maison plus modeste. L’aînée, Nancy (Hayley Mills), a secrètement pris les devants et loué au nom de sa mère une maison dans le Maine, à Beulah, où elle et sa famille étaient passées il y a plusieurs mois de cela. Sur place, ils se font accueillir par le gardien en charge de la maison en l’absence du propriétaire, Osh Popham (Burl Ives). Celui-ci, doté d’un cœur d’or, leur fait toutes les facilités pour leur permettre de s’installer, mais les Carey vont peu à peu se rendre compte qu’il a tout pris sur lui-même, et qu’ils occupent la maison sans l’aval de son propriétaire…


Premier film Disney que l’on peut qualifier de comédie musicale, L’Eté magique est toutefois encore loin de Mary Poppins, sorti l’année d’après. Si les frères Sherman officient à la musique, développant leur talent bien davantage que dans leurs précédentes œuvres où ils ne composaient qu’une chanson par-ci, par-là, c’est le réalisateur James Neilson qui, malheureusement, mit un frein à son propre film en refusant de chorégraphier les chansons. Dès lors, si celles-ci sont très belles, il leur manque l’étincelle qui les aurait véritablement rendues inoubliables, ne bénéficiant jamais de numéros dansés pour les mettre en valeur.
Très sobre, L’Eté magique compte alors finalement moins pour ses chansons que pour son histoire, parfaitement adaptée à l'écran par Sally Benson. En effet, le scénario prend toujours son temps pour créer des situations attachantes, et ce sans même prendre la peine de placer un vrai « méchant » dans l’intrigue. Pleins d’épaisseur, les personnages captent constamment notre attention et ne sont jamais manichéens, le zèle touchant d’Osh Popham s’avérant à double tranchant puisque s’il agit toujours avec une évidente bonne volonté, celle-ci le mène souvent à tricher et à se trouver dans une situation inextricable. De même, la relation entre Nancy et son arrogante cousine Julia est très bien écrite, ne faisant jamais pencher la balance plus que de raison du côté de l’une ou de l’autre, mais montrant aussi bien Julia comme une fille pénible ou bien solitaire et maladroite dans son rapport aux autres, que Nancy comme une fille pétillante de vitalité ou bien une chipie jalouse de sa cousine. A cette image, les rapports entre chaque personnage s’avèrent merveilleusement équilibrés, instaurant dans le film un réalisme fort agréable, qui rappelle que Disney n’a jamais pris nos enfants pour des idiots. A cela, il faut ajouter un casting parfait en tous points, évidemment dominé par l’incroyable Burl Ives, émouvant et inoubliable Big Daddy de La Chatte sur un toit brûlant, qui nous offre ici encore un rôle éminemment attachant. Les autres acteurs ne déméritent en rien, et si Hayley Mills et Dorothy McGuire n’ont plus leurs preuves à faire, Eddie Hodges, Jimmy Mathers et Deborah Walley complètent à merveille une famille dont on n’a plus envie de se détacher.
Ainsi, anticipant les réussites des futurs Disney comme Demain, des hommes ou Le Plus Heureux des Milliardaires, L’Eté magique se situe dans la lignée des films Disney qui, dépassant le clivage entre comédie et drame, constituent de belles leçons de vie, qui ont le mérite de ne jamais prendre nos enfants pour des idiots, et de leur donner sur le monde un œil sain, lucide et intelligent. Une recette qu'on aimerait retrouver dans le cinéma contemporain...

Tonto
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le 31 mai 2018

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Tonto

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