L'Éternel mirage fait partie d'une trilogie informelle dans laquelle, à la fin des années 40, Ingmar Bergman s'inspire du Réalisme poétique et en particulier du cinéma de Marcel Carné. Le début du film est clairement dans cette référence avec ce marin revenant au bercail au bout de sept ans et ou il retrouve les raisons pour lesquelles il était parti notamment une femme. Ensuite arrive un flashback, qui durera quasi la totalité du récit, ou l'on découvre les causes à cet exil car le personnage est affublé d'une tare physique, d'un père tyrannique et d'une liaison avec la jeune maîtresse de ce dernier. Toutes les obsessions, qu'elles soient visuelles ou bien thématiques, surgissent déjà dans ce drame aux allures tragico-romantique. Le Sismographe de l'âme qu'est Bergman approfondit déjà, comme il le fera mieux plus tard lors de l'apogée de sa filmographie, les personnages et fait déjà dans l'introspection psychologique d'une famille. La seconde moitié est meilleure que la première qui peut peut-être refroidir certains spectateurs ou l'on ne saisit pas encore la dimension de cette histoire. Visuellement il y a des magnifiques plans expressionnistes typiques de Bergman mais faut reconnaître que c'est peu par rapport aux chefs d'oeuvre du maître suédois.