L'Éternel Retour par Maqroll
On peut apprécier dans ce film devenu très vite culte le romantisme échevelé de Delannoy qui s’exprime dans de très belles images en clair-obscur, notamment au niveau de l’atmosphère gothique du château. On peut saluer également au niveau du scénario les bonnes idées de Cocteau pour moderniser le mythe de Tristan et Iseult (légende celtique transmise oralement au cours des siècles et pas du tout « monument de la littérature française » comme on peut le lire par ailleurs…) Dans la distribution très inégale, Piéral se montre une fois de plus un comédien hors normes, écrasant la distribution de son talent et de sa présence. Mais Madeleine Sologne est un peu fade pour être une Iseult crédible et Jean Marais montre comme toujours ses talents de mauvais comédien au charme pourtant opérant à l’époque puisque son pull jacquard a lancé une mode dans les années cinquante ! Roland Toutain et Junie Astor sont très justes dans des seconds rôles essentiels mais on n’en dira pas autant d’Yvonne de Bray qui cabotine à l’excès et de Jean Murat, académique et guindé. Au-delà de la simple adaptation moderne, le film véhicule un propos des plus justes qui se trouve annoncé dès le générique de début par une phrase de Jean Cocteau assurant que les grands mythes se retrouvent tout au long de l’histoire de l’humanité… Autrement dit, l’effet de répétition est un concept fondamental de la psychanalyse, comme l’a enseigné Lacan.