L'éternel retour est une modernisation du mythe de Tristan et Iseult. Enfin, disons que c'est un Tristan et Yseult qui se passerait dans un monde plus moderne, car l'histoire n'est pas vraiment actualisée, c'est d'ailleurs ce dont le titre, et le texte en exergue qui s'y rapporte, nous prévient. Nous y retrouvons donc des personnages au nom inchangés, tel Marc, ou Morholt, qui ici ne fait pas chanter Marc, et fait juste office de personnage qui va amener à la rencontre entre les deux amants.
On peut se demander, surtout en voyant Jean Marais ramener Madeleine Sologne au château de son oncle, si Jean Cocteau, qui signe ici, au minimum, le scénario, ne prévoyait pas de réellement adapter le mythe en costumes. Après tout, nous sommes en 1943, et le cinéma français doit faire des concessions, les tournages sont difficiles.
En l'état, L'éternel retour est représentatif du réalisme poétique, un style bien représenté à l'époque dans le cinéma français. L'intrigue, à base de philtre d'amour, est forcément un peu dépassée dès lors qu'elle se passe dans le monde réel, mais ce mode permet justement de l'accepter, entièrement. Et il n'y a pas à dire, c'est beau, tout ça.
Au château l'ambiance fait très film noir, avec le caractères des personnages remarquablement bien posés. Yvonne de Bray y campe notamment avec bonheur une femme au caractère bien trempé et particulièrement détestable.
Il y a également les paysages, notamment ceux du lac Léman, où ont été tournées les scènes maritimes.
Plein de bonnes raisons donc, d'apprécier encore aujourd'hui ce film.