Fan de Jack Arnold et du cinéma fantastique fauché des 50's, je n'avais pourtant jamais vu un des hits des deux catégories, la mythique Etrange Créature du Lac Noir. Je ne suis pas déçu, le film est à la hauteur de mes attentes, et bien évidemment, même si on voit le côté cheap (un mec engoncé tant bien que mal dans un déguisement de monstre aquatique), le film est merveille de poésie, d'horreur et de mise en scène. C'est dingue de voir comment un film pareil nourrira les imaginaires des cinéastes et des spectateurs à venir sur des dizaines d'années, un peu, dans un registre différent mais tant que ça, comme les Frankenstein de James Whale des années 30. Une anecdote que j'aime beaucoup, concernant Guillermo Del Toro (un des plus grands cinéphiles, et cinéphiles bis qui existe) et son film La Forme de l'Eau. D'ailleurs je n'aimais pas trop ce film à sa sortie mais plus j'y repense plus je pense à ses qualités, et je le reverrai sans doute. Bref, ce n'est pas le sujet : Del Toro disait dans une interview que la seule motivation qui l'avait poussé à réaliser La Forme de l'Eau était de tenter de revivre l'émotion érotique qu'il avait ressentie enfant à la découverte de l'Etrange Créature du Lac Noir, au moment où la naïade (sublime Julia Adams qui est pour moi une grosse révélation, je vais creuser sa filmo, quelle beauté !) part se baigner et que le monstre est au fond de l'eau, s'approche d'elle, mais ne la dévore pas, tombe sous son charme, essaie de la toucher délicatement et qu'ils réalisent ensemble (sans qu'elle le sache) un sublime ballet aquatique. Je trouve ça absolument sublime, je ne connais pas grand chose de plus beau au cinéma, qu'un homme décide de réaliser un film entier (des ans de travail, des centaines de salariés, des dizaines de millions de dollars de budget) uniquement pour faire revivre un souvenir d'enfance. Mais en effet, lorsque l'on découvre ce qui a déclenché ce fantasme, c'est facile à comprendre.