Bourgeoise mal mariée à un éditeur, Irène a un amant auquel elle fait croire qu'elle est une modeste femme de ménage.
C'est un grossier et poussif sujet de mélodrame que met en scène Jean Grémillon, un sujet tout ce qu'il y a de plus conventionnel, essentiellement déterminé par le mensonge initial de Michèle Morgan à propos de sa condition, que son amant, pas bien perspicace ni curieux, finira peut-être par découvrir. Mais quelle idée sotte a eu Irène de se faire passer pour la domestique de son propre ménage! Et puis Michèle Morgan en femme de ménage...
Dédié au couple à la mode Michèle Morgan-Henri Vidal, avatar factice de ces amoureux mélancoliques immortalisés et célébrés par Prévert et Carné, le film additionne sans sincérité les poncifs dramatiques et stigmatise involontairement la vacuité de personnages communs. Grémillon semble n'avoir d'intérêt que pour le visage triste, filmé en gros plan, de Michèle Morgan. Les interprètes donnent d'ailleurs volontiers dans une affliction bien exagérée au vu de la situation et de la problématique de leur personnage.
Quant à la satire de la bourgeoisie coincée, incarnée par l'époux d'Irène, par opposition à la vie de bohème proposée par l'amant Etienne, elle est insignifiante.