En choisissant le principe d’animation de la « stop motion », domaine d’excellence du cinéma de l’Est jusque là, Burton prend le parti d’un décalage affiché. Cette audace s’avère payante. Car il apparaît indéniable qu’en 3D, ou en animation plus classique, nous serions passé à côté de ce que fait la préciosité de cette œuvre : son côté unique. Car singulier, ce film l’est ! Déjà l’histoire par elle-même, qui d’autre que le génial Burton, même s’il n’assure pas officiellement la réalisation, aurait pensé à nous conter les aventures de Jack, le Perce Oreille, véritable antithèse du Père Noël ? Qui aurait eu assez d’imagination pour inventer un tel univers, où laideur et malice côtoient joie de vivre et noirceur ? L’étrange Noël de Mr Jack c’est tout cela, une fantasque et diabolique aventure, très souvent hilarante prenant le contre-pied à la morale parfois un peu figée des contes pour enfants. Ici, le front subversif l’emporte, nous sommes plus attachés au petit monde peuplant la force obscure qu’à celui des vivants. Dans ce pays du maléfice on s’aime aussi… Pour preuve, l’idylle entre Jack et Sally, portée vers des sommets de poésie pure. Par sa technique étourdissante de maîtrise, l’intelligence du traitement et l’énorme plaisir que l’on prend à suivre cette féerie, ce film est, vous l’avez compris un chef d’œuvre. Pas seulement en matière d’animation, mais bien cinématographique. A voir et à revoir…