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Muriel Box réussit l'exploit d'avoir réalisé pas moins de 14 films en étant une femme dans les années 50. Comme beaucoup dans la salle de l'Institut Lumière, je la découvrais.


Son Etranger amoureux se révèle assez sympathique. Pas d'une originalité ni d'une puissance folle, mais une comédie bien troussée, avec de bonnes idées de scénario et quelques dialogues qui font mouche.


Première partie : Carlo, un bel Italien, très cliché, vient prendre son service de chauffeur. Le couple de riches propriétaires, lui en fauteuil roulant, elle romancière à succès, le reçoit et l'embauche. La soubrette tombe amoureuse de lui.


L'éditeur de madame, Judith, lui suggère de reprendre à zéro son nouvel écrit, puisqu'elle n'en est pas contente. C'est là que le bel Italien va lui donner sa nouvelle idée de roman : un Italien arrive chez de riches bourgeois, et la dame tombe amoureuse de lui. Le roman est vite écrit, et elle se rend chez son éditeur, conduite par Carlo. Elle laisse Carlo l'attendre avec le manuscrit sur la banquette arrière. Curieux, Carlo se met à le lire...


Deuxième partie, en couleurs rose bonbon (bonne idée, évoquant les romans de gare) : l'histoire racontée par le livre. Amusant de voir comment la romancière a déformé la réalité : le mari est toujours en fauteuil roulant mais est devenu acariâtre et possessif ; la soubrette a perdu sa timidité pour devenir délurée... Seuls les deux protagonistes, Judith et Carlo, ne changent pas... En apparence.


On ne va pas tout raconter, mais disons simplement que dans le livre Judith tombe amoureuse de Carlo, qui lui fait un enfant. Prise de remords, elle lui demande de partir, son mari acceptant de garder l'enfant. Mais Carlo, pour récupérer Judith, décide de supprimer le mari gênant. Toute cette partie est assez académique, vraiment pas du grand cinéma, et je commençais à trouver le film assez médiocre...


Quand débute la savoureuse troisième partie : Carlo, ayant fini le manuscrit, décide de reproduire l'histoire. Mais rien ne se passe comme prévu car Judith n'est nullement amoureuse de lui dans la réalité ! Une très bonne idée que de rendre le bel Italien pas du tout irrésistible et le mari pas du tout jaloux (il rit quand Judith lui raconte que le chauffeur lui fait la cour).


Finalement, Carlo est bien renvoyé, et on devine qu'il va finir avec la soubrette. Chacun reste chez soi dans cette Angleterre de l'époque où le mélange des classes sociales n'était pas à l'ordre du jour. Un message sous-jacent au film peut-être.


Astucieuse comédie, assez réjouissante, même si très banalement filmée. Et souffrant de quelques faiblesses : Carlo conduit sans regarder la route, Judith jouant Chopin n'est guère crédible, les acteurs jouent un peu cliché (Carlo, la soubrette version délurée).


Pas inoubliable, mais on passe une assez jolie dernière partie.


6,5

Jduvi
6
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le 22 oct. 2018

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Jduvi

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