Traumatisé enfant par le meurtre d'une femme au moyen d'une écharpe blanche, un homme reproduit la scène à l'âge adulte. Le criminel disait s'appeler comme lui Emile et s'était attaqué à une femme visiblement au bout du rouleau. Il n'en faut pas plus pour que notre étrangleur à la gueule d'ange (Jacques Perrin) perpétue le rituel. Les femmes désespérées se succèdent, essentiellement des artistes : une chanteuse de cabaret (dans une scène étirée démesurément), une actrice que plus personne n'appelle, une danseuse elle aussi au chômage... Une prostituée ensuite, mais là l'affaire va mal tourner car celle-ci ne voulait absolument pas mourir.
Et puis une jeune femme rousse, nullement au plus bas mais fascinée par ce tueur, qu'elle veut absolument rencontrer. Un mystérieux flic qui se fait passer pour journaliste et un voleur qui suit Emile comme son ombre pour dépouiller ses victimes complètent le quatuor.
Vecchiali nous ramène régulièrement à la scène traumatique par deux plans silencieux, de rue déserte et de tunnel sous des néons : c'est sans doute la meilleure idée de ce film assez poussif, qui ne parvient jamais à passionner. Une autre bonne idée est de laisser toujours les strangulations hors champ, et de nimber de douceur les scènes de meurtre : c'est ainsi qu'Emile, en effet, perçoit ses actes, comme un service rendu à ces femmes qui de toutes façons ne voulaient plus vivre. On appréciera aussi le meurtre de la danseuse montrée à travers le regard du chien resté à la porte. C'est à peu près tout je crois.
Il y avait dans l'argument du film une bonne idée, mais Paul Vecchiali ne parvient pas à lui faire prendre forme. Pas moyen pour moi de croire à ce doux tueur qui tricote lui-même ses écharpes, ni au "traumatisme" qui produit un tel effet, pas plus qu'au Simon qui fait mine de le traquer, ni à cette femme rousse qui brave le danger, devient l'amant dudit Simon, tout cela on ne sait trop pourquoi.
Il y a longtemps que je voulais découvrir Paul Vecchiali. Pas sûr que je persévère.
5,5