Des fleurs pour Alcatraz

C'est quand même un peu dommage que L'Evadé d'Alcatraz fasse partie de ces traductions de titres peu subtiles qui ne s'embarrassent pas de spoiler un film dont celui d'origine - Escape from Alcatraz (l'évasion d'Alcatraz) - laissait au moins planer le doute quant à son issue... Et ce même s'il s'agit d'une histoire vraie.

Le héros donc, Franck Morris, homme sans famille et multirécidiviste de l'évasion à l'intelligence supérieure (c'est écrit dans son dossier), profite du charisme de Clint Eastwood pour s'intégrer assez facilement - après un petit séjour au trou quand même - dans cette prison dont personne ne s'échappe, et dont le cruel directeur aurait mieux fait de se ronger les ongles avant de le recevoir... Frank Morris se liera donc rapidement d'amitié avec un petit homme assez âgé accompagné de sa souris et friand de desserts, un boiteux bibliothécaire influent, un artiste-peintre, et ses trois voisins de cellules avec lesquels il planifiera l'évasion...

Le film débute sur l'incarcération de Franck Morris aux notes fracassantes d'une musique martiale, et très vite une échauffourée entre lui et le gros Wolf nous met dans le rythme d'une aventure qui ne retombera jamais... Même si la quiétude et la globale bonne entente entre les différents prisonniers s'avère assez surprenante et originale pour le genre... Les matons non plus ne s'avèreront pas particulièrement violents ou injustes, si ce n'est verbalement. Le réalisateur semble donc préférer se concentrer sur l'évasion en elle-même et la qualité des dialogues (surtout dans la première partie), mais peut-être aussi prêter un ton plus réaliste qu'excessif à la vie de cette prison...

Et c'est une réussite. Le film fait preuve de pas mal de précision et de créativité, de suspense aussi, sans oublier cette scène formidable et sidérante dans l'atelier après que le prisonnier peintre a reçu l'interdiction définitive d'exercer la seule chose le maintenant encore en vie : son art. Mais cet homme n'est pas seulement peintre, c'est aussi un poète. Une fleur.

Après, c'est clair qu'on se dit que nos gars ne manquent pas de réussite ni de chance. M'enfin rien de bien gênant non plus. Par ailleurs, la tension de la dernière partie du film fonctionne parfaitement. Bravo à Don Siegel pour sa réalisation au poil, à part sur la scène de l'infarctus peut-être... Mais là je pinaille. L'Evadé d'Alcatraz a donc très bien vieilli et reste un classique du genre, toujours aussi efficace et plaisant.