Dans les années 60 des milliers de Japonais "disparaissaient" chaque année. Un matin ils quittaient le foyer familial pour ne jamais revenir : des jeunes provinciaux allant tenter leur chance en ville et profiter du miracle économique, des mauvais payeurs qui voulaient échapper à leurs créanciers, des époux qui refaisaient leur vie loin du carcan d'un mariage plus ou moins consenti... On parle alors des "évaporés". Il y en a 80 000 déclarés officiellement auprès de la police l'année où Imamura décide de partir à la recherche de l'un d'eux. Un marchand de 32 ans, laissant derrière lui une fiancée et des proches avec leurs questions, et surtout avec leurs points de vue qu'ils vont confronter dans ce pseudo-documentaire au cours duquel on brossera d'abord le portrait du disparu, dans un style investigateur, avant de "l'oublier" une seconde fois pour se concentrer sur des histoires plus croustillantes à commencer par la vie de la fiancée et le passé de la belle-sœur.
Ce "mockumentary" comme on dira plus tard brouille plusieurs fois les pistes et entretient la confusion entre le réel et la fiction, entre ce qui est vrai -- le disparu ayant bel et bien existé, et le jeu auquel se prêtent volontiers les acteurs malgré eux, dans une improvisation manifeste qui éclatera au grand jour lorsque le décor du studio sera retiré pour ne laisser place qu'à une sorte de making-of où la caméra, l'équipe de tournage et le réalisateur ne cachent même plus leurs rôles respectifs : le réalisateur est là pour raconter une histoire, forcément subjective, les acteurs pour jouer. Où se situe alors la vérité ? Nous ne savons plus vraiment.
Si l'idée est novatrice et l'évolution des protagonistes intéressante, cela demeure particulièrement long pour un exercice de style.