Jusqu'à aujourd'hui, le film livre une denrée précieuse : une réaction émotionnelle puissante. Qu'elle soit positive ou pas, peu importe. Vous étiez vivant pendant deux heures.
William Peter Blatty



L'Exorciste, c'est le film d'horreur qui m'a le plus marqué durant ma jeunesse. Devenu un véritable mythe du cinéma (film d'horreur le plus vu en France encore aujourd'hui), il est devenu incontournable et est aujourd'hui ancré dans la culture populaire.


Par ses effets spéciaux exclusivement mécaniques, des mouvements de lits aux projections de vomi en passant par le climat véritablement polaire sur le plateau, L'Exorciste a très bien vieilli visuellement, car il n'est pas réaliste, mais réel. La sévérité discutable de Friedkin l'aurait poussé dans des extrémismes inimaginables (violences physiques, tirs de coups de feu), qui cependant ont pour mérite d'offrir des émotions authentiques.


De plus, il a le mérite d'imposer de nombreux codes de l'horreur, comme les apparitions furtives à l'écran (qui laissent déjà présager mon hurlement devant Insidious...), le rapport à la religion, les voix inhumaines... De plus, contrairement à Rosemary's Baby, celui-ci choisi de vraiment montrer l'horreur la majorité du temps, et c'est pourquoi encore aujourd'hui ce film choque. Il choque par l'audace de sa salacité infantile (vomi, injures et surtout scène de la mutilo-masturbation au crucifix qui reste sûrement une des plus marquantes) qui pour l'époque est vraiment osée, et a sûrement dû en faire cauchemarder plus d'un.


Mais l'audace ne fait pas tout ! L'Exorciste témoigne aussi d'une véritable maîtrise esthétique, avec notamment une gestion particulière des zooms (plan large de Georgetown qui se focalise sur la maison de Regan) et des dézooms qui peuvent éveiller la claustrophobie ainsi qu'une certaine oppression (un plan très large peut donner cette impression de ne pas avoir d'échappatoire), une alternance entre obscurité et clarté qui nous plonge dans une ambiance sinistre, ainsi que des scènes plus empruntes de spiritualité, comme celle que nous offre cette jaquette éthérée.


Avec en plus la superbe actrice juvénile qu'est Linda Blair, son ton réaliste quasi documentaire durant la froide scène d'exorcisme, et la légende qui entoure le film sur sa prétendue malédiction, L'Exorciste a su faire parler et choquer, et le fera encore. Il est aujourd'hui une relique du cinéma d'horreur, et du cinéma tout court.

Monsieur_Cintre
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le 20 avr. 2020

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Monsieur_Cintre

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