L'Exorciste n'est pas qu'un vieux film de genre des années 70, c'est LE film d'épouvante par excellence, une œuvre culte, la référence, celui que tout le monde a voulu copier et qui a surtout servi à inspirer de futurs réalisateurs du cinéma d'horreur. Quand j'étais gamin, c'était le seul film qu'on m'interdisait de regarder quand il passait à la télévision, alors forcément quand j'ai réussi à le voir pour la première fois (vers 9 ou 10 ans), j'avais déjà peur avant même de le voir, agrippé à mon fauteuil, le trouillomètre à zéro... Ca reste évidemment un vrai souvenir de cinéphile et ça m'a marqué !
L'histoire, tout le monde la connait, la possession démoniaque progressive de Regan, suivi de son exorcisme. Un des nombreux points forts du film est sa narration exemplaire, lente, introductive, descriptive, qui prend le temps de nous peindre le portrait finalement banal d'une famille de son époque et l'avènement du Mal à l'état pur au sein de son foyer, venant frapper l'innocence même, la petite fille qui va devenir une monstruosité sans nom (enfin si, le Diable !). Moralement, on avait jamais vu ça avant et c'est ce qui a choqué, voire fait scandale à l'époque, d'autant plus que tout le monde pouvait s'identifier à cette famille.
L'autre atout du film est son style de réalisation, qui joue habilement avec la peur, non pas à l'aide de « jump scares » et autres effets de style qui foisonnent dans le cinéma d'horreur actuel, mais en attisant véritablement la tension. L'exemple le plus significatif est l'arrivée de Karras, venant pour la première fois dans la maison pour examiner Regan. La courte discussion avec Chris MacNeil alors que des bruits étranges se font entendre à l'étage, la montée des escaliers dans un silence glacial, l'ouverture de la porte de la chambre... Brrr ! Sans vouloir juger (après tout, le cinéma est subjectif parait-il !), je plains quand même ceux qui s'enorgueillissent à dire qu'ils n'ont pas eu peur devant L'Exorciste, ils n'ont jamais dû vivre beaucoup d'émotions au cinéma.
Le coup de maître de William Friedkin est aussi d'avoir pris son sujet très au sérieux, d'autres réalisateurs auraient peut-être calmé le jeu à un moment ou à un autre, mais lui n'a fait aucune concession durant le tournage, restant exigeant avec ses acteurs, intransigeant avec son récit. Le tournage a été éprouvant et on se doute pourquoi. Les scènes avec Linda Blair n'ont pas dû être de tout repos ! La scène finale d'exorcisme est extrêmement intense, un tour de force. On retiendra évidemment les phrases cultes de la possédée et ses jets de vomis vert désormais mythiques.
Souvent copié, jamais égalé, L'Exorciste est donc un vrai classique du film d'épouvante, ad vitam æternam. Inutile de dire que tout le monde doit le voir au moins une fois dans sa vie.