Discussion pendant le casting entre William Friedkin et Linda Blair (13 ans à l'époque) :
- de quoi parle le film ?
- ça parle d’une jeune fille qui fait de vilaines choses.
- quel genre de vilaines choses ?
- elle pousse un type par la fenêtre et se masturbe avec un crucifix.
- ça veut dire quoi ?
- c’est comme se branler non ?
- ouais. Tu sais ce que c’est ?
- bah oui.
- tu le fais ?
- ouais. Pas vous ?
Et elle obtint le rôle !
Plus sérieusement, L’exorciste est pour moi LE film d’horreur. Tout parent digne de ce nom devrait obliger leurs adolescents dès qu’ils atteignent 12-13 ans à voir le film ! Je plains toute personne n’ayant pas vu ce film à cette période de leur vie. De mon côté je me souviens avoir fait le forcing à cet âge là auprès de mon oncle pour qu’il me prête le DVD !
A l’origine, ce film n’a pas tout de suite été proposé à Friedkin. Penn, Boorman (qui fera néanmoins la suite) et Bogdanovich ont été approchés et ont refusé. Lorsque le producteur a enfin sollicité Friedkin, celui-ci a accepté sur le champ. Il a mouillé la chemise et avait en point de mire Le Parrain de Coppola.
Le résultat final est d’une qualité similaire à l’œuvre de Coppola (bien que le genre soit différent). On est plongé dès le début et pendant tout le film dans une ambiance énigmatique et angoissante. La mise en scène est exceptionnelle. Les personnages sont très charismatiques, en particulier l’inspecteur (Lee J. Cobb) et l’exorciste (Max Von Sydow). Les moments d'angoisse sont maîtrisés. Des plans sont devenus cultes et immédiatement identifiables : je pense à l’arrivée de l’exorciste éclairée par un faible lampadaire (illustration de l'affiche du film) ou encore les sublimes séquences en Irak (http://www.cinemapolis.fr/wp-content/uploads/2015/08/exorciste02.jpg).
Et tout ce fabuleux mélange aromatisé d’une musique mythique.
Pour conclure, je citerai John Woo :
« L’exorciste n’est plus un film : le Bien et le Mal respirent à vos côtés. La fin délivre un enseignement vital : il n’est jamais facile de vaincre la peur et le Mal tapis au fond de nous, mais la bataille doit absolument être livrée. Quand on évoque le cinéma d’horreur, on ne parle que de Hitchcock. On devrait plus souvent mentionner William Friedkin. »
Je ne peux qu’approuver !