Classique de chez classique du film d'épouvante, L'Exorciste n'a clairement pas pris la moindre ride depuis 1973 ; en dehors bien sûr de son prosélytisme métaphorique beaucoup trop appuyé...
Cela faisait un petit moment que je ne l'avais pas revu, et ne me souvenais pas à quel point la réalisation de William Friedkin pouvait flirter avec la perfection. Qu'il s'agisse de son ambiance, de ses silences, de sa bande-son culte très discrète, de sa superbe photographie ("irakienne" notamment), et surtout de ses effets spéciaux, le rendu s'avère clairement impressionnant.
D'ailleurs, l'introduction relève du petit bijou. On ne sait pas encore qui est cet homme, mais c'est bien notre futur exorciste qui se la joue archéologue en Irak donc, à la recherche de statuettes et autres talismans jusqu'à éprouver les pouvoirs diaboliques d'une statue se dressant devant lui. La grande classe.
De retour aux Etats-Unis et sans transition, nous suivrons parallèlement une famille monoparentale au sein de laquelle la mère, star de cinéma, et sa fille, semblent très bien s'entendre ; ainsi qu'un prêtre relativement jeune, au chevet de sa mère, reconnaissant devant l'un de ses collègues avoir perdu la foi.
La jeune fille laissera très vite échapper de premiers signes inquiétants, pour ne pas dire alarmants. Et si l'on ne comprend pas encore pourquoi celle-ci sera la victime, la suite nous le révèlera, quoique je reste relativement dubitatif sur cet aspect du scénario. En revanche, les premiers signes démoniaques, au sein d'une église et aux deux (seins) de sa vierge en érection, donnent le ton d'un film qui ne nous épargnera pas les blasphèmes sexuels. Et ce pour notre plus grand plaisir. Surtout que dans la bouche d'une innocente jeune fille, ces séquences gagneront en décalage, et donc en force.
Mais avant d'en arriver là, celle-ci commencera par avoir des visions, puis à se retrouver à faire du rodéo sur son lit ; elle sera mise sous ritaline et, après diverses interventions médicales inefficaces, descendra les marches en mode gymnaste, déplacera les objets de sa chambre par la pensée, convaincant sa mère totalement désespérée de faire appel à des méthodes moins scientifiques, à faire appel au jeune prêtre précité.
La lenteur de la progression des "symptômes" de la jeune fille fonctionnent bien du point de vue narratif, mais certaines scènes avec le prêtre, et surtout avec l'inspecteur, m'ont paru dispensables, allongeant inutilement la durée du film en son coeur.
Le final quant à lui me séduit toujours autant, même si la bise à "l'Eglise", certes mignonne, me fait l'effet de la goutte d'eau bénite faisant déborder le vase qu'avait déjà rempli à ras-bord l'horrible réplique de l'exorciste sur "l'animal et sa laideur", comme ce "Mal" issu du Moyen-Orient venu envahir l'Amérique chrétienne...
Pour le reste, rien à redire, bien au contraire. Les monologues cultes de la bête - crus et vulgaires - fusent, comme notre "esprit cracheur" enchaîne les scènes jubilatoires, notamment grâce à la maîtrise technique hallucinante de William Friedkin et des maquilleuses. Sans oublier le jeu des acteurs, largement convaincant.
LE grand classique du genre, malgré son défaut majeur.