Exorcist II: The Heretic a l’intelligence d’aborder l’œuvre originale à laquelle elle fait suite comme un mythe à part entière qu’il faut traiter comme tel, déconstruire pour mieux creuser son sol et déterrer ses racines. Et si le long métrage de John Boorman est à ce point détesté, c’est certainement parce que le cinéaste aborde la déconstruction du mythe par le biais du mysticisme, pensant le cinéma comme un art susceptible de créer des chimères, comme un art qui affirme ou rappelle au spectateur son besoin de fiction pour organiser sa lecture du monde. Aussi le film oscille-t-il sans cesse entre hallucination et réalisme brut, religion et sciences, pour placer l’hypnose en point de contact entre ces deux réalités opposées, pour faire des expériences avant tout visuelles – comme l’est le cinéma – des rituels contre le mal et la maladie.
Exorcist II ne représente plus une initiation aux pratiques de l’exorcisme ; il est une œuvre initiatique à part entière qui tire profit de la partition musicale signée Ennio Morricone pour éveiller les sens, remuer l’âme, attiser l’espace du dedans ; également de sa photographie magnifique et de son sens de la lumière, composée de rayons filtrant à travers des cloisons mi-closes ou perforées. Si la première partie du film peine à intriguer et pose longuement sa situation initiale, force est de constater que l’expédition du père Lamont en Afrique entame une errance intérieure fascinante, pleine de visions apocalyptiques – les sauterelles ne sont pas sans évoquer les plaies d’Égypte – puissamment mises en scène.