Quand on lance un film nommé L’Exorciste chinois, on sait qu’on peut s’attendre à quelque chose de fantastique, et d’un brin extravagant. Mais avec Sammo Hung aux commandes, la surprise est toujours au rendez-vous.


Cheung le Brave est un homme au grand cœur, paisible et sans histoires, et surtout naïf. Son héroïsme naturel lui a fait choisir ce surnom, dont ses proches aiment se moquer, car personne ne prend Cheung au sérieux, sa femme la première, au point de le tromper avec le patron de Cheung. Alors qu’il n’avait rien demandé, son patron va vouloir sa tête, et ce n’est sûrement pas sa femme qui va le défendre. Cependant, il ne va pas juste s’agir d’envoyer des mercenaires ou des policiers corrompus à ses trousses, mais bien d’invoquer des forces occultes.


Dès les premières minutes, nous sommes immergés dans une ambiance cauchemardesque alors que nous assistons à un sinistre rêve voyant le malheureux Cheung se faire attaquer et déchiqueter par des créatures démoniaques. Rien de réel, évidemment, mais alors que le rêve laisse place à la réalité, il ne va jamais vraiment quitter notre protagoniste. Cette amorce va permettre à Sammo Hung de donner vie à un monde où les fantasmagories ont leur place, où les mythes sont ancrés dans la réalité, sans que le spectateur ne se pose de question. Cette magie, qui s’apparente d’abord à une farce, va se transformer en quelque chose de bien réel, au grand dam de notre infortuné héros. C’est grâce à sa capacité à mélanger les tons et les genres, et à maintenir un rythme très soutenu, que L’Exorciste chinois happe le spectateur, qui est alors totalement pris par ce qui se déroule à l’écran.


L’absence totale de temps mort rend L’Exorciste chinois extrêmement palpitant, où tout s’enchaîne avec une vitesse folle, le tout avec une fluidité déconcertante, conférant au récit une lisibilité impressionnante au regard de sa profusion. Sorciers, zombies, tout un imaginaire fantastique est ici développé, le tout agrémenté d’une dose de kung fu qui associe aux rituels mystiques des combats nerveux et soigneusement chorégraphiés. S’il n’hésite jamais à se moquer de son héros et à proposer des gags bien sentis, l’humour est toujours invoqué avec intelligence et de manière judicieuse. C’est ce qui fait la particularité d’une certaine partie des films hongkongais de l’époque, et notamment ceux de Sammo Hung, toujours conscients de leur aspect divertissant, mais jamais dépassés par celui-ci.


Il est impossible de ranger L’Exorciste chinois dans une case, tant il joue sur des tableaux divers. Drôle et violent, réaliste et fantastique, c’est un film aussi indéfinissable qu’il est passionnant. Des trouvailles se cachent dans tous les recoins du film, qui a finalement pour principale qualité de ne se donner aucune limite, et de pousser sa démarche jusqu’au bout, ce qui est d’ailleurs l’une des caractéristiques du cinéma de Sammo Hung. Devant comme derrière la caméra, il est frénétique, impressionnant dans sa maîtrise des arts martiaux, ainsi que dans sa gestion du rythme et du montage, avec ce film qui va à toute allure mais dont on ne perd jamais le fil. Généreux, divertissant, surprenant, énergique, L’Exorciste chinois est un pur divertissement qui vous réservera plein de bonnes surprises.


Critique écrite pour A la rencontre du Septième Art

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le 13 févr. 2021

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