The Pope’s Exorcist dispose de deux qualités croisées : d’une part, l’inventivité de la mise en scène qui, en dépit d’une tendance au morcelage des séquences courtes construites sur une montée en tension, retranscrit avec fluidité et élégance l’entreprise de conjuration ; d’autre part, un angle d’approche original du récit de possession, puisque le démon s’attaque, par le corps de l’enfant interposé, moins à sa victime directe qu’au prêtre chargé de le sauver. Celui-ci affirme être son « pire cauchemar » et prouve une réelle connaissance de sa biographie, remontant au traumatisme de la guerre. Le mouvement général du long métrage est celui d’une descente : depuis le Vatican jusque dans une contrée reculée, du haut de la basilique en cours de restauration aux caves en passant par le puits ; il raccorde ainsi l’Eglise aux exactions commises durant l’Inquisition, période noire que le démon exhume avec un mélange d’effroi et de grand-guignol propre, en cela, aux productions de la Hammer. Une troisième qualité, essentielle, doit être ajoutée aux deux précédentes : le personnage campé par le remarquable Russell Crowe, prêtre d’une dérision et d’une puissance rarement vues dans le genre, que son statut de marginal au sein de l’institution rend légitime dans ce travail d’exorcisation des démons du culte chrétien – il l’indique d’ailleurs, non sans ironie : « sans le Mal, à quoi servirait l’Eglise ? ». Une très bonne surprise.