"Pour vos évasions, à nous de vous faire préférer le train !" Les FS !"(Ferroviaro del Stato, chemins de fer italiens)... Le train fantôme ?
1965 : l'année ou "le Corniaud" triomphait sur la plus haute marche du podium du box-office...
A la dix-neuvième place, on trouvait ce train de Mark Robson (1913-1978) réalisateur et monteur canadien prolifique qui fit carrière aux US, mais dont on sait fort peu de choses... Toujours est-il que cette "grande évasion" n'en est pas une ! Et le train pas un express : plutôt un omnibus... ou TER dirait-on de nos jours...
Le thème du film est simple : pendant a seconde guerre mondiale, l'avion d'un pilote américain (Frank Sinatra) est abattu en Italie et fait prisonnier pour se retrouver dans un camp de prisonniers dans lequel il va devenir le plus gradé et prendre le rôle de chef des captifs... L'imminence de la libération et de l'Armistice font que la garnison italienne abandonne le camp et les détenus livrés à eux-mêmes projettent de rejoindre le littoral... jusqu'à l'arrivée de l'armée allemande qui va arrêter leurs projets...
Il fallait être audacieux pour tenter une nouvelle fois d'évoquer des faits de guerre vingt ans après la capitulation de l'Allemagne sans conditions, tout ou presque ayant été écrit sur le sujet... Néanmoins, le scénario est fort bien ficelé et le film haletant... On ne voit pas les deux heures de projection passer et au départ, il m'avait même semblé avoir déjà vu ce film... La première partie est plutôt une analyse psychologique de la vie dans les camps, la seconde démontre que pour constituer une bonne armée, il faut de bons chefs, officiers et sous-officiers...
Robson nous offre en Cinémascope (très large écran ayant entraîné la "djumboïsation" des écrans et l'élargissement de leurs salles à grands frais) un film façon superproduction avec de superbes attaques aériennes, des trains sabotés mais qui ne vont pas dérailler, le crash d'un avion chasseur contre une montagne...
On n'a pas à faire à un film poussif et on entre de bon cœur et en croisant les doigts dans toutes les ruses que vont utiliser les fuyards se faisant passer pour des boches, bien aidés par un prêtre jouant un faux- officier SS envahisseur plus vrai que nature !
Bien sûr, le casting offre une place de choix à Frank Sinatra dont c'est le meilleur film à mon avis : il a bien la dégaine d'un pilote devenu "rampant" mais aussi l'autorité naturelle et sans concession d'un gradé qui sait faire respecter ses galons ! Même vis à vis du chef de camp de prisonnier... Le reste du casting est lui aussi un régal avec un Trevor Howard qui taille des croupières à Sinatra... Aussi de la seule femme du film jouée par Rafaella Carrà (1943-2021) décédée récemment (elle devait bien être la dernière survivante de ce film car elle est jeune quand elle y joue ) et mérite ici un hommage. Peu connue dans notre hexagone, elle avait pourtant une filmographie importante et a aussi fait son chemin dans le chanson...
De bons moments aussi comme cet agent inquisiteur de la Gestapo qui trouve bizarre qu'un allemand ait la montre d'un aviateur américain, et à deux doigts d'éventer la supercherie... en bande organisée.
Je ne vous en dirai pas plus... De moins bons moments quand même, car pour le ferroviphile, le réalisateur aurait dû être plus vigilant côté ferroviaire : les "mains-courantes d'atteleurs de wagons ne sont pas là pour faire joli... Des détails finalement pour un film qui a connu une rentabilité de 297 %.....
Les trains joueront toujours un rôle déterminant dans les guerres...
Arte le 07.05.2023-14.05.2023-