Le si gentil Tom Hanks a trouvé à incarner un personnage encore plus gentil que lui-même et que tout ses précédents rôles (incroyable) ! Un animateur de télé pour enfant américain qui a bercé l'Amérique et que tout le monde adore : Fred Rogers ! Entre gourou et psychologue catho coincé, Rodgers a pendant 30 ans incarné la bienveillance américaine. Dommage que le portrait qu'en tire la réalisatrice Marielle Heller reste désespérément lisse. Malgré la bonne idée de lui donner un miroir, en la personne d'un journaliste cynique et désabusé, la confrontation n'aura jamais vraiment lieu. Comme si Rodgers demeurait une icône intouchable et sainte de la culture américaine, à la manière de ses comptines psychologisantes qui le font hésiter entre Maurice Carême et Nounours. D'une question et d'un sourire, Saint Rogers soigne le journaliste en voie de cynisme radicalisé ! L'Amérique est sauvée !
Reste que Rogers demeure fascinant et devient presque inquiétant par devers Hanks. Cette gentillesse absolue, parfaitement creuse, glisse vers le psychotique. On a l'impression d'être confronté au trouble psychique même de l'Amérique, avec un sourire mi-figue mi-raisin.