Scorsese reste un grand conteur. Malgré les longueurs, les digressions, la fadeur de l'ensemble, il nous embarque à grand coup de nostalgie dans cet univers de mafia disparue, qu'il a tant raconté. On serait d'ailleurs presque heureux de les retrouver tous : Pesci, Keitel, Pacino, de Niro... de replonger dans l'univers des Affranchis ou de Casino... Mais le temps a vraiment passé. Les voilà tous désespérément trop vieux. Et quand Scorsese sort son procédé technique de rajeunissement numérique, c'est nous spectateurs qui nous sentons mal. Ce de Niro rajeunit ressemble à un petit vieux. Il a le masque impassible de celui qui perd ses dents. Il est vouté comme un petit vieux. Il bouge avec difficulté. Tout s'effondre. Rien ne peut alors devenir crédible. Nous les avons vraiment vu jeunes tous, dans des centaines de films. Ici, ils peinent à bouger. Tout les efforts de scénario sont ruinés par la technique, tout est empesé par l'âge que rien ne vient à masquer. Irishman tourne au cauchemar. On n'y voit plus que des petits vieux qui cherchent à rester immortels alors que leur talent est loin derrière eux. Rien ne justifiait le procédé. Il est ignoble de mépris, pour soi, tout comme pour les spectateur. Comme si le cinéma pouvait désormais vivre sans plus jamais recevoir le moindre sang neuf ! Des histoires qui tournent en rond et des acteurs qui meurent sur scène. Irishman devient une ode naphtaline à un cinéma qui n'est plus et qui continue, malgré tout, sans fin. Un cinéma mort-vivant, zombie. Quelle horreur ! Faut que ces gens arrêtent !