Basé sur la pièce de théâtre d'après "Washington Square" de Henry james, le film raconte l'histoire d'une héritière, Catherine Slopers (De Havilland), dont le physique quelconque et la personalité effacée n'en font pas la coqueluche des salons. Si ce n'était que ça, mais son père lui reproche (sans le dire) la mort de sa mère, femme belle, parfaite et accomplie (dans sa tête probablement) et la méprise souverainement.
Un jour elle rencontre Maurice Townesnd (Clift), un beau jeune homme pauvre qui lui fait une cour éclair. Le père le soupçonne de courir après l'argent et refuse son consentement au mariage et déshérite sa fille qui se retrouve en pleine nuit à attendre un Maurice qui ne viendra pas. Bien des années plus tard, elle se vengera de la plus cruelle des manières alors qu'en fait, bien qu'intéressé par son argent, Maurice l'aime vraiment. Mais les désillusions auront rendu la gentille et douce Catherine dure et sans aucune illusion sur sa capacité a être aimée.
Le bouquin est absolumment génial et la pièce en est une adaptation brillante. La fin est d'une grande intensité et serre le coeur.
Wyler filme la chose simplement, sans chichis, sans effets grandiloquents qui pourraient en faire un mauvais mélo pour en faire une réelle tragédie.
L'interprétation est au niveau du matériau et de la mise en scène avec en premier De Havilland (qui tente encore une fois de faire croire qu'elle est moche en ne s'épilant pas les sourcils) et Clift qui se coule parfaitement dans les habits ajustés de Maurice, bellâtre gomeux et amoureux malgrè tout.
Henry James est un maître et c'est, à mon avis, son meilleur roman et ce film lui rend justice malgrè des coupes sombres dans le déroulement de l'histoire. De Havilland mérite amplement son oscar tant l'évolution de la petite souris bisounours à la dame de fer est frappante et bien maîtrisée.