De manière assez surprenante, c'est le premier film que je découvre de William Wyler. Je connais évidemment quelques-uns des films d'époque dont Ben-Hur. C'est plutôt par ce dernier que je pensais un jour explorer la carrière du cinéaste mais c'est finalement une bonne affaire qui m'a fait découvrir L'Héritière, adaptation d'un roman de Henry James, Washington Square.
J'ai été très agréablement surpris par ce film. Tout d'abord, il sort quelque peu du carcan classique de ce genre. C'est beaucoup plus sombre, on n'est pas dans un simple drame amoureux avec deux personnes remplies d'amour dont un personnage, en l'occurrence ici le père, va se mettre sur leur chemin et faire tout capoter.
Non L'Héritière est beaucoup plus sombre, beaucoup plus dur quant à la nature humaine qui peut en découler. Voyez par là, un père qui aime sa fille mais qui ne lui trouve comme qualité que son talent de brodeuse. Il ne la trouve pas jolie, pas dégourdie, pas futée. Et surtout, elle doit souffrir de la comparaison avec sa mère, femme morte beaucoup trop tôt et dont le père ne s'est jamais véritablement remis de la mort.
Et puis, il y a ce dandy, joué par l'excellent Montgomery Clift. Derrière ces beaux discours, on comprend aisément que l'homme a de l'intérêt ailleurs et surtout en la richesse de la famille, lui qui serait plutôt sans le sou après avoir tant dépensé.
Et enfin, il y a le personnage de Catherine. Cette femme est en réalité très naïve et très réservée mais est des trois personnes celle qui possède certainement le plus de qualités humaines. Et au contact de son père et de cet amant, tout va changer. Il semblerait pour Wyler que cette femme ne peut véritablement survivre au sein d'un tel monde. Et elle se transforme donc en un personnage méprisant le monde qui l'entoure. Le final est d'une noirceur vraiment noire pour l'époque, celle d'une femme qui semblait pouvoir attendre sa vengeance encore longtemps.
Olivia de Havilland est véritablement parfaite dans ce rôle qui lui permettra de glaner l'Oscar de meilleure actrice.