SensCritique n'offre pour le moment aucune critique négative de The Heiress et pour cause, le film est l'un des plus grands chefs d’œuvre de l'âge d'or hollywoodien et il faudrait être de sacrément mauvaise foi pour dire le contraire. J'ai d'ailleurs du mal à comprendre pourquoi il n'occupe pas aujourd'hui une place comparable au Eve de Manckiewicz ou au Rebecca d'Hitchcock. Tout serait à citer, de la splendeur de la photo de Leo Tover au sens du cadre de Wyler (ah, la contreplongée sur Catherine au moment où elle doit remonter dans sa chambre après l'abandon de Morris et le contrechamp subséquent sur les interminables escaliers) jusqu'aux dialogues étincelants du couple Goetz. On parle souvent du moralisme imposé par le code Hays mais on aimerait voir dans les fictions contemporaines une telle absence d'attendrissement (ah, cette fin !), une telle noirceur dans le propos (la cruauté dont chacun fait preuve à l'égard de Catherine en la comparant sans cesse à sa mère). Les étudiants en cinéma demandent souvent pourquoi on parle d'un âge d'or hollywoodien pour les années 1938-1950. Le visionnement de ce seul film devrait permettre de satisfaire leur curiosité durablement.