Trés bonne surprise que ce deuxième film de Sébastien Marnier, réalisateur quasi quadra.L’heure de la sortie, c’est déjà un duel à distance entre un professeur remplaçant et cinq élèves surdoués d’une classe de troisième dont il prend la charge après un évènement tragique.Ce postulat de départ marque le fil rouge d’une histoire à plusieurs tiroirs, à décliner. Tour à tour, l’heure de la sortie ( terme se rapportant aux échappées clandestines des surdoués où ils éprouvent le monde? à la sortie de classe dans un château avant la fin d’année? ou au renvoi à une « destination finale? ») s’ingénie à multiplier les points de vue pour plonger son spectateur dans l’effroi, des interrogations sur le déclin du monde ou encore sur la place réelle des adolescents intellectuellement précoces dans notre société. La façon de filmer de Sébastien Marnier, de travailler à la fois le son et l’intention de l’image, amène à une alchimie particulière et trés raisonnante.La question que le réalisateur et son équipe de techniciens vraiment douée semble soulever avec le prétexte de cette histoire alambiquée est: un film de genre assumé doit-il tout expliquer? Quelque part, la lisibilité totale d’un film de nos jours ( avec une ligne exposition-explication-résolution) peut être jugée comme hautement formatée et prévisible.En sortant de ces ornières, l’heure de la sortie demande au spectateur de s’interroger, d’observer, de tenter de comprendre l’action pas complètement donnée.Ce n’est pas un procédé complètement novateur mais ici, il marche à plein régime pour le plaisir de l’intellect.Deviner, c’est parfois mieux que tout savoir.Un dernier mot sur la prestation de Laurent Lafitte, continuant merveilleusement à interpréter des rôles ambigus à souhait, auxquels il apporte une formidable valeur ajoutée. En seconds rôles, Pascal Greggory et Emmanuelle Bercot livrent aussi des prestations convaincantes.Quant aux jeunes acteurs castés, on dirait qu’ils ont plusieurs expériences de cinéma derrière eux.