Réputé pour sa noirceur, le deuxième volet de la saga The NeverEnding Story délaisse l’odyssée du lecteur/personnage pour mieux composer une sorte de huis clos au sein duquel ce n’est plus la mémoire collective qui est menacée de disparition mais celle, intime, d’un enfant. Le film met ainsi en scène la lutte que mènent les personnages pour repousser la perte de leurs souvenirs, troqués par des vœux qui condamnent l’être à se ramollir au contact d’un luxe et d’une atrophie de ses désirs. Ce qu’il nous enseigne alors n’est autre que la nécessité du manque pour nous définir et forger notre identité, une personne entièrement comblée se dégradant aussitôt en une forme humaine malléable que des puissances maléfiques peuvent manipuler à leur guise. Pour autant, cette thématique audacieuse s’enlise dans un récit lourdingue que ne relève aucune magie : un manque de merveilleux se fait cruellement sentir, nous avons l’impression de piétiner, peinés devant une amitié en dents de scie entre deux comédiens peu convaincants.
La réalisation ne témoigne d’aucune personnalité et se contente d’illustrer une théorie en la parsemant de références creuses au premier opus. Que toute relecture d’une œuvre soit une redécouverte pour son lecteur constitue certes une mise en abyme intelligente du film, explicitement défini comme suite, mais ne s’incarne que faiblement à l’écran. Ajoutons à cela Nimbli, dont le costume d’oiseau prête à sourire, et voilà un film moyen, divertissant et intrigant par instants, loin de la superbe de l’œuvre originale.