A vrai dire, il y a plein d'aspects intéressants à ce petit film d'apparence anodine. D'abord un noir et blanc finement ouvragé, dont certaines scènes de rue sont de véritables tableaux. San Francisco en 1952 était à la fois étonnamment graphique et sale, dès qu'on quittait les rues du centre. Mais il faut avouer que les gens y avaient de l'allure, surtout les femmes, engoncées dans des robes cintrées et perchées sur des talons impressionnants. Ce sont bien elles les héroïnes de cette histoire, en dépit de la place prise à l'écran par ces messieurs. Assassin ou policiers, hommes politiques ou journalistes, ils jouent des coudes pour ne laisser aux dames qu'un petit coin de l'image. Mais les crimes dont se rend coupable le pauvre gars que l'on suit jusqu'à sa chute finale le confessent à mi-mots : ce sont elles qui occupent toutes les pensées de cette Amérique qui étouffe de contraintes morales mal assimilées. Au final, la traque au détraqué permet de passer un assez bon moment de cinéma, plutôt correctement interprété, et avec un propos qui soutient l'intérêt quand les déambulations du type louche à la recherche de sa prochaine victime se font longuettes...