Stanley Kramer était connu pour ses positions démocrates et progressistes, c’est pourquoi les films qu’il produisait ou réalisait avaient souvent un contexte social fort. Ici il s’attaquait à la misogynie latente qui gangrenait la société de l’époque, ceci à travers le portrait d’un psychopathe comme seul les américains savent en produire. Un maniaque des armes à feu qui soulage sa frustration en tirant sur des femmes rencontrées au hasard. Si la description de ce tueur fait froid dans le dos, il n’est que le symptôme d’une misogynie banalisée qui se manifeste au quotidien, ceci est souligné par des dialogues anodins au premier abord, mais qui contiennent tout le mépris envers les femmes, des réflexions machiste employées par des quidams sans trop y faire attention. Une scène est assez emblématique de l’ambiance du film, celle de la fête foraine. Une attraction déjà hautement misogyne consiste à faire tomber une pin-up assise sur une planche dans un bassin, ceci en titrant des balles sur une cible, notre tueur s’acharne alors violemment sur la pauvre jeune fille, l’ambiance qui passe de la fête au cauchemar est montrée graduellement, mais le comportement anormal du psychopathe n’est que le révélateur du machisme de cette société patriarcale. Edward Dmytryk met tout cela en scène avec le dynamisme d’une série B, montage serré, enchaînement rapide des scènes de tension et de tuerie, l’interprétation d’Arthur Franz est fiévreuse et habitée, le tueur étant conscient du mal qui le ronge. On pourrait imaginer aisément ce que donnerait un remake avec l’image de la femme tels qu’on la perçoit dans la pub et le médias de nos jours.