La vie et l'œuvre de David Marshall Williams, paysan de Caroline du Nord accusé du meurtre d'un shérif adjoint lors d'une descente de police dans la distillerie clandestine qu'il opérait. En pleine Prohibition, ce bouseux, plutôt bon gars au demeurant, se retrouve donc du mauvais côté de la loi. Au cours de la fusillade, un représentant des forces de l'ordre se fait truffer de plomb, et comme Williams est réputé le meilleur tireur de la bande, c'est lui qui prend pour les autres, malgré l'absence de preuves formelles. Trente ans, c'est quand même cher payé, surtout quand on est jeune marié... Direction la zonzon, puis une ferme pénitentiaire du coin (le même style d'établissement sympathique que dans Luke la main froide ou Je suis un évadé, avec ses pensionnaires en pyjamas rayés qui cassent des cailloux à la masse...).
Là, « Marsh » s'adonne en secret, sur ses temps de pause, à son petit hobby : la confection, à partir de pièces métalliques diverses, d'un modèle révolutionnaire d'arme à feu. Équipé d'une simple lime, le futur contracteur des sociétés Colt, Remington et autres Winchester met au point, d'abord à l'insu des autorités pénitentiaires puis avec leur bénédiction, l'instrument que l'on appellera quelques années plus tard la carabine M1, qui sera produit à plusieurs millions d'exemplaires et utilisé sur tous les fronts, de l'Europe à l'Extrême-Orient, de la Seconde Guerre mondiale à la guerre de Corée. Pour ce fier service rendu à la nation américaine, Marsh Williams est gracié en 1929, après huit ans au frais, et peut retourner à la vie normale d'un Ricain : fonder une famille, aller à l'église et faire joujou avec des armes à feu... sauf que lui, il est payé pour !
Il y a deux façons de considérer ce film. La première, comme une énième glorification de ce culte des armes si profondément ancré dans la culture américaine qu'il échappe à notre compréhension d'Européens. La seconde, comme une réflexion sur les vertus rédemptrices du système pénitentiaire (à l'époque, on y croyait encore !) qui permet à un homme, pas forcément totalement coupable mais pas totalement innocent non plus, de retrouver grâce au travail une place dans la société. En dépit de ces messages un peu lourdingues, James Stewart, que la caméra ne lâche pas d'une seconde, réussit à maintenir l'intérêt du spectateur par sa capacité à rendre son personnage tour à tour détestable puis attachant, en un mot : humain.