Après le très moyen et décevant Vivre et laisser mourir, Guy Hamilton renoue avec les ingrédients qui avaient fait le succès de la série, à savoir un méchant original aux tendances mégalomaniaques (dans une demeure high-tech digne de ce nom, cela va de soit), de belles pépées, suffisamment de baston et surtout un scénario assez captivant pour retenir notre attention jusqu'au bout. Même si l'on aura vu mieux au cours de la période Moore, cette seconde aventure avec l'acteur se pose tout de même là.
Le rythme est bien mieux géré, même si cela reste un petit peu mollasson par moment (en même temps, reconnaissons que cette nonchalance donne un certain charme au film). Les scènes d'action dégagent plus d'énergie et sont aussi plus inspirées, sauf peut-être la poursuite en barque qui fait redite avec celle en bateau du précédent opus (sans compter que le Shérif Pepper revient nous faire son numéro). Sinon, c'est dommage que la cascade en voiture tende un peu vers le grand-guignolesque, car c'est ce genre de détail qui nuit beaucoup à la crédibilité du récit. Mais c'est certain que les spectateurs de l'époque étaient un peu moins tatillons concernant le réalisme...
C'est dans ce second film que le nouvel interprète de 007 s'approprie vraiment le rôle, en le rendant plus froid et moins gentil qu'auparavant (wow, il gifle même une femme !). Roger Moore est aussi plus à l'aise dans l'action et convainc beaucoup plus physiquement. Néanmoins, malgré cette amélioration certaine, il ne fait toujours pas oublier Sean Connery. Christopher Lee campe un adversaire marquant (tout comme son serviteur nain) et son duel final avec le héros restera le moment fort du film. Sinon, à défaut d'être sexy et attachante, la nouvelle James Bond girl, Mary Bonne-Nuit (Britt Ekland), peine à convaincre avec ses gaffes à répétition. Heureusement que l'on nous précise bien qu'elle est agent de liaison, sinon nous n'y croirions pas...
Après, les décors sont très réussis, comme l'île paradisiaque de Scaramanga (l'exotisme est plus que jamais au rendez-vous dans cette aventure) et le bateau Queen Elisabeth renversé qui abrite des locaux du MI-6. Même chose concernant la musique et le superbe thème principal.
Très typique des années 70 par bien des aspects, cette neuvième monture de la franchise ne manque pas de charme et possède tous les ingrédients pour faire passer un bon moment. Après le déroutant Vivre et laisser mourir, la saga se remet donc sur les rails et regrimpe d'un niveau en matière de qualité.