1974 signe le retour de Roger Moore dans le rôle-titre un an seulement après le précédent opus. Le long-métrage est aussi le dernier d’une époque : il adapte le dernier roman existant de Ian Fleming, il est le dernier film réalisé par Guy Hamilton, réalisateur aux résultats aléatoires, et il est le dernier produit par Harry Saltzman, empêtré dans de lourdes dettes. La production éclair signifiait-elle un opus au rabais
De toute évidence, oui. Richard Maibaum rejoint à nouveau Tom Mankiewicz au scénario et tous deux peinent à en donner une quelconque substance. L’intérêt de l’œuvre réside en la confrontation de deux fines gâchettes : l’un, espion au service de Sa Majesté, et l’autre, tueur professionnel de renom. L’idée paraissait alléchante sur le papier, d’autant plus que Christopher Lee incarne l’antagoniste Francisco Scaramanga, impressionnant par sa prestance flegmatique. Hélas, l’intrigue s’étire dramatiquement en longueur et il ne reste que la promesse d’un duel aux allures fratricides. Le ton demeure également aléatoire, oscillant entre humour potache et instants plus sombres — à l’image l’interrogatoire de l’amante de Scaramanga sur le lit avec un Roger Moore essayant avec bien du mal de récréer la présence machiste de son prédécesseur —. Moore tâtonne encore et il ne trouvera réellement son jeu que lors du prochain épisode. Maud Adams, quant à elle, s’impose comme une James Bond Girl, malheureusement trop vite éclipsée, convaincante, bien plus que Britt Ekland, reléguée au rang de potiche.
Si le fond n’est pas le point fort du film, la forme ne sera clairement pas mieux lotie. Il convient de noter que Roger Moore ne possède pas la même présence physique et animale que Sean Connery mais aussi que Guy Hamilton ne sait le mettre en avant. Ainsi, il réalise des affrontements à mains nues d’une rare mollesse — en laissant en outre apparaître l’équipe technique dans le miroir lors du combat dans les loges du club de Beyrouth —. Le génie des décors de Ken Adams semble lointain et ce n’est pas la base du méchant qui me fera mentir. Il manque un vrai sentiment de gigantisme, la faute à un budget qui aurait certainement dû être ajusté. Dernier clou dans le cercueil, John Barry signe sans aucun doute, et ce malgré une pause bien méritée, sa bande originale la moins inspirée de toute la saga.
L’homme au pistolet d’or ne convainc pas. L’impression tenace de regarder un téléfilm reste présente pendant l’intégralité du long-métrage malgré un postulat de départ intéressant. Vite vu et très vite oublié.
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