Critique initialement conçue comme une annotation.
Fruit d’une fructueuse collaboration entre le réalisateur Dino Rissi, le scénariste Ettore Scola et l’acteur Vittorio Gassman, « L’homme aux cent visages » est un film particulièrement agréable où se tisse le jeu des apparences sous des airs de comédie dramatique allant jusqu’à duper le spectateur. Payer des diamants en pâtisserie, voler des voleurs, organiser un faux mariage dans une fausse église avant un faux prêtre, arnaquer un général, se faire passer pour Greta Garbot… Voilà les nombreuses escroqueries que le héros, Gerardo Lantini, commet le long du film. Une chose s’impose d’emblée : « L’homme aux cent visages » de brille pas par son originalité, mais par son acuité, cette façon de créer le film comme un temple du faux, où l’on ne sait même plus ce que l’on peut encore rattacher à la vérité. Tout du long, Gassman enchaine pas moins de dix-sept rôles différents, et explose ainsi son talent comique en n’hésitant pas à user de ses talents de transformiste. On pourrait reprocher au film de ne reposer que sur le talent de son acteur principal, mais ce serait oublier le scénario imparable d’Ettore Scola, qui ne cesse de gentiment arnaquer le spectateur pour le conduire dans une structure ludique et jouissive. Reste le plaisir, et le dynamisme que procure cette œuvre, véritable manège de faux semblants presque mélancolique, à voir cet escroc qui n’arrive même plus à distinguer un vrai mariage d’une arnaque. Chaque conversation, chaque situation amène à un piège ingénieux, et Dino Rissi, particulièrement simple, maitrise son œuvre avec une limpidité sidérante. En reste la scène finale, totalement jubilatoire, et mettant en scène l’arnaque non pas comme un moyen de s’enrichir, mais de fuir la réalité et la torpeur du quotidien, et plus benoitement, de s’amuser. Tout simplement formidable.
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