L'Homme de Rio par FrankyFockers

Ce film est à la fois une énigme et un cas unique dans l'histoire du cinéma français. Jamais, en effet, je crois n'avoir vu de film populaire aussi complet, aussi vaste dans ses champs d'activité, et, il est important de le dire, aussi ambitieux, sans être prétentieux. Car l'Homme de Rio est à la fois une extraordinaire comédie et le plus formidable des films d'aventures, c'est un film courageux dans sa narration, généreux dans sa mise en scène; c'est un film qui bouge tout le temps (pas une séquence dans le même lieu), où les personnages sont sans cesse en mouvement sans que jamais le récit ne se perde, c'est un film qui, déjà, digère la Nouvelle Vague et l'intègre au cinéma populaire. Tout y est tourné en décors naturels, de Rio à Brasilia en traversant la forêt amazonienne. On y ressent du 1er au dernier plan une envie de tourner, une envie de jouer, une envie de faire du cinéma, et de la partager. Un peu comme dans Bon Voyage de Rappeneau (qu'on retrouve, il n'y a pas de hasard, au générique du film de De Broca en tant que coscénariste.)
En fait, c'est simple, ce film c'est du Tintin, tout simplement. Les références sont multiples, des 7 Boules de Cristal à L'Oreille Cassée, il y a des références à Tintin de partout (et elles se baladent dans un univers qui rappelle souvent le cinéma de Jacques Tati - et même des films qu'il n'a pas encore faits).
Je sais que Spielberg est un grand fan de L'Homme de Rio. Il a déclaré je ne sais plus où que le film est l'un de ses sources d'inspiration pour la création d'Indiana Jones. Lorsqu'on le revoit, ça semble encore plus flagrant. Tout Indiana Jones est déjà là. Et comme par hasard, lorsque Spielberg pourra enfin adapter Tintin, il choisira le secret de la Licorne et ses trois parchemins à superposer, exactement ceux que De Broca réutilisent dans l'Homme de Rio. La boucle est bouclée mais en même temps rien ne reste en cercle fermé : les cinéastes, les vrais, sont des passeurs.