Andrzej Wajda est mort ce jour, le 10 octobre 2016. Mourir en octobre quand on est un contre-révolutionnaire, il faut avoir du toupet !
Pour moi qui suis les intérêts politiques, l'histoire et l'actualité, Wajda est un artiste, disons, représentatif de l'esprit contre-révolutionnaire pseudolibertaire, pseudodémocratique et carrément catholique qui a sévit et qui sévit toujours en Pologne. Avec son fidèle ami Lech Wałęsa, une espèce de Nelson Mandela polonais dont nous connaissons aujourd'hui à la fois l’idolâtrie et toute l'hypocrisie, Wadja est un incontournable de cette époque.
Wajda n'a jamais cessé d'être un artiste magnifiquement idéologique. Il a tout fait pour que, culturellement, le peuple polonais puisse tourner la page et du nazisme et du stalinisme sans aucun esprit critique pour l'idéologie capitaliste qui perçait. Ainsi il n'a jamais cessé de promouvoir une vision certes intéressante mais toujours univoque de l'Histoire, que ce soit en France avec Danton ou de l'Histoire polonaise avec des films tire-larmes comme Katyn. Il a fait parti de ces idéologues culturels qui ont mis bout à bout, sur le même plan, deux idéologies opposées. C'est une sorte de Spielberg polonais, mais au moins on ne reprochera jamais à Spielberg d'avoir été le peintre de l'Histoire vue par l'oeillère de la bourgeoisie capitaliste, nationaliste et catholique - et si j'écris ce portrait avec autant de rancune, c'est qu'il a fait parti de ces personnes suscitant l'espoir et l'énième désillusion, une désillusion que les polonaises ont pu goûter dernièrement avec la manifestation "Lundi Noir" (03/10/16) contre la pénalisation de l'IVG. Notons par ailleurs que Krystyna Janda, une actrice égérie des films de Wajda, était à l'initiative de ce mouvement, et que les épouses de trois anciens présidents polonais, dont l'épouse de Walesa, ont défendu récemment le droit à l'avortement tandis que l'idole du peuple avait posé son droit de veto contre une libéralisation de ce droit en 1993.
Adieu Wajda. A chacun son cinéma.