Alors que les téléfilms n'étaient guère à la mode dans les années 1960, Universal en profita pour employer de vieilles gloires et en tester des potentielles nouvelles, et il n'hésitait pas à engager de talentueux écrivains et metteurs en scène, à l'image de Don Siegel qui en fera quelques-uns, ainsi que des épisodes de séries TV, L'homme en Fuite sera son dernier.
On retrouve ici un prestigieux casting, Henry Fonda en tête mais aussi la toujours jolie Anne Baxter ou Sal Mineo, et ils portent souvent le film sur leurs épaules, bénéficiant notamment d'une écriture solide, tout comme la mise en scène de Don Siegel. Ce dernier ne se contente pas de réaliser un simple téléfilm et n'hésite pas à lui donner une certaine dimension, souvent sombre mais aussi le temps de quelques séquences, assez belle, avec des instants de vies sonnant toujours vrais, à l'image du passage de Fonda chez Anne Baxter.
L'Homme en fuite permet à Don Siegel ne nous emmener tout droit dans l'Ouest américain et de mettre en scène une chasse à l'homme où Fonda, évidemment, se retrouve dans le chassé accusé d'un crime qu'il n'a pas commis, rôle qu'il connait à la perfection. Sans jamais être transcendant, l'oeuvre n'en reste pas moins plutôt bien ficelée, grâce à un indéniable savoir-faire du futur réalisateur de Dirty Harry, qui gère avec le brio le rythme, le montage et l'image, le tout avec une adéquate bande-originale.
Il trouve toujours le bon équilibre entre l'action, la fuite ainsi que l'approfondissement des personnages, ce qui passe ici par certaines scènes de dialogue qui s'intègrent avec merveille au film. Le ton est souvent désabusé, de nombreuses zones d'ombre existent sur les personnages et même enjeux, tandis que le cadre du film est passionnant, avec une petite ville minière de l'Ouest américain et les personnages atypiques qui vont avec.
Don Siegel propose avec l'Homme en Fuite une oeuvre d'abord destinée à la télévision mais qui nous emmène avec brio dans une chasse à l'homme dans l'Ouest américain ne manquant pas d'obscurité, contrebalancée par quelques jolis et vrais moments et portée par un excellent Henry Fonda.