Dans ce film de soixante-dix secondes, Méliès est l'unique acteur multiplié par sept, le chef-d'orchestre tirant de sa propre image ses six musiciens. Loin d'être aussi impressionnant que les Voyage dans la Lune ou à Travers l'impossible, cet Homme-orchestre voit tout de même Méliès repousser ses limites. Il réutilise les surimpressions qui permettaient de créer le tour, alors innovant, d'Un homme de têtes (1898), en le perfectionnant et en déployant avec une plus grande quantité.
Les ré-apparitions du crâne du magicien étaient abruptes dans l'ancien opus (usage 'brut' de l'arrêt-caméra), ici les transitions sont subtiles et sans interruption. Les dissociations sont transparentes pendant la première seconde (impression 'spectrale') puis le nouveau Méliès se matérialise en s'installant à côté du précédent. Le rendu des surimpressions n'est cependant pas parfaitement 'compact', mais Méliès atténue ce défaut grâce à une astuce scénaristique (la recomposition du corps unique, avec les doubles fusionnant en rythme). Ensuite il a recours à la pyrotechnie et revient à la pure tradition illusionniste.
Cet effet issu de l'exposition multiple de la photographie sera ré-exploité de façon plus remarquable dans Le Mélomane (1903), où la réserve au noir se rétrécit à l'écran et les éléments de décors sont nombreux.
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