Après « La fille du RER » de sinistre mémoire, Techiné reprend à son actif un autre fait divers qui défraie la chronique judiciaire depuis plus de 30 ans. On peut comprendre son intérêt pour cette sombre affaire, qui s’imprègne de thèmes qui lui sont chers : adultère, famille déchirée, individus troubles et caractériels, double jeu… Plus que jamais son goût pour le récit romanesque est donc en éveil, et Téchiné s’appuie pour cela sur une recomposition pointue et fidèle des seventies.. Tellement fidèle, qu’il en oublie au passage son propre style plutôt épuré et filme à la manière d’un Boisset ou d’un Enrico : linéaire, classique et un peu plan-plan. C’est le gros reproche à faire au film (avec aussi, il faut le dire, son parti pris certain). Il y manque une vraie introspection psychologique du drame (la Téchiné’s touch !) au profit d’une reconstitution léchée et un peu téléfilmesque (reproche identique que l’on pouvait faire à « Les témoins »). Toutefois, grâce à la force du trio d’acteur, à un ensemble technique irréprochable, on ne peut qu’apprécier ce film, certes sans grande ambition, mais bien ficelé quand même.