Oui, on peut rêver du film qu'un Fincher aurait pu composer à partir d'un fait divers aussi riche, complexe et passionnant : l'univers du jeu et du luxe, la mafia calabraise, une riche héritière désaxée, un petit avocat minable, froid et manipulateur, une disparition "antonionienne" jamais expliquée... Ce film là défile dans notre esprit pendant que l'on s'ennuie poliment devant le pensum désarticulé et privé du moindre sens cinématographique que Téchiné nous pondu. Mais l'on peut aussi rêver au film solaire, déchiré et déchirant que Téchiné aurait réalisé voici plus de 20 ans : douleurs et vertige de l'amour absurde, illogique et condamné. Les vestiges de ce cinéma-là, que nous avons tant aimé, subsistent ça et là, mais avec une maladresse et un manque de justesse terribles : même l'excellente Adèle Haenel ne passe pas, frôle le ridicule, ou tout au moins le contresens dans ses scènes "d'émotion" qui nous irritent plus qu'elles nous touchent. "L'homme qu'on aimait trop" est pire qu'un mauvais film, c'est un objet inutile et un échec sans appel pour celui qui fut naguère un grand réalisateur français. [ Critique écrite en 2014]