Jon Amiel est le réalisateur de Copycat (1995), avec Sigourney Weaver, et Haute Voltige (1999), avec Sean Connery. Et entre les deux, il s’est essayé à la comédie d’espionnage légère avec L’Homme qui en savait trop… peu. Un titre qui renvoie à l’œuvre culte d’Alfred Hitchcock, L’homme qui en savait trop sorti en 1934, mais aussi de son remake, toujours de Hitchcock, de 1956 au titre éponyme. Mais il s’agit en fait d’une adaptation du roman Watch That Man de Robert Farrar qui lui semble s’inspirer d’un autre film de Hitchcock puisque son scénario est assez similaire à celui de La Mort aux Trousses (1959) avec cet homme lambda qui est pris pour un espion par une organisation qui va chercher à le liquider. Gros échec au box-office, ne rapportant que 13.7M$US pour environ 20M$ de budget, L’Homme qui en savait trop… peu a, au fil des années, acquis un petit statut de film culte auprès du public américain. Mais encore faut-il arriver à passer outre les lacunes du film…
Nous sommes donc ici dans une parodie des thrillers d’espionnage d’Alfred Hitchcock, et même le cinéma du réalisateur de manière générale parfois juste le temps d’une scène (l’intro avec ce qu’on voit par la fenêtre pourrait renvoyer à Fenêtre sur Cour). L’Homme qui en savait trop… peu est un film entièrement au service de Bill Murray. C’est son film, du début à la fin, et il fait le show tout le long, comme s’il était dans un one man show dans lequel il interprète un personnage. Tout semble avoir été fait pour lui dès le départ, et il faut avouer qu’il est fort convaincant dans le rôle de l’homme de l’homme ordinaire un peu idiot qui va être pris au milieu d’une situation dangereuse sans même s’en rendre compte. Bill Murray n’est pas le seul à s’amuser dans cette entreprise et c’est tout le casting qui semble à l’aise dans des rôles très cartoonesques dans l’âme, à commencer par Alfred Molina (Spiderman 2) excellent en boucher assassin ou Joanne Whalley (Willow) qui s’éclate en femme fatale. Dommage qu’à part le personnage de Murray, quasiment tous les seconds rôles passent à un moment ou à un autre pour des bouffons, quand ils ne servent pas simplement à rien. On trouve également au casting quelques têtes peu connues à l’époque mais qui feront leurs preuves plus tard, comme Eddie Marsan (Le Dernier Pub avant la Fin du Monde) ou Dexter Fletcher, qui se lancera dans les années 2010 dans la réalisation (Rocketman, Eddie The Eagle). L’ensemble fait souvent penser à un long épisode de Mr Bean tant ce dernier aurait clairement pu se trouver dans ce genre de scénario et créer autant de chaos sans qu’il ne se rendre compte de quoi que ce soit.
Dans L’Homme qui en savait trop… peu, tout est volontairement stupide et le film va être une succession de quiproquos durant 1h30 pendant lesquelles tout va s’emboiter pour que jamais personne ne se rende compte que le personnage de Murray n’est pas un agent secret et que ce dernier ne se rende jamais compte qu’il n’est pas réellement dans une pièce de théâtre vivante. Du coup, cela donne lieu à des situations totalement improbables au nom du concept et surtout au nom de l’humour, et à chaque nouvelle scène on se demande bien comment ils vont faire pour maintenir le subterfuge en place. Alors, oui, c’est plutôt amusant, mais la plupart du temps, ça n’a ni queue ni tête et il est très facile de rapidement décrocher, pour peu que vous ne rentriez pas complètement dans le délire. D’autant plus que, au fur et à mesure que le film avance, celui-ci devient un brin répétitif et le concept s’épuise. Néanmoins, certaines scènes, à l’instar de cette danse finale virant au n’importe quoi, retiennent l’attention et permettent de maintenir l’intérêt, même du spectateur qui aurait pu à moitié décrocher en cours de route. Bill Murray va semer le chaos partout où il passe, ces quiproquos vont être de plus en plus gros, avec un scénario qui est oublié en cours de route car tout s’enchaine un peu trop bien, comme une mécanique un peu trop bien huilée. Et au final, ça s’épuise et Bill Murray est plus drôle que le film en lui-même au point qu’on se rende compte que sans lui, l’ensemble n’a plus grand intérêt.
L’Homme qui en savait trop… peu, c’est pendant 1h30 le Bill Murray Show, un film taillé pour lui de A à Z au point que ce dernier est bien plus drôle que le film en lui-même. Il en résulte une comédie un peu fade mais rythmée et amusante par moments.
Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-lhomme-qui-en-savait-trop-peu-de-jon-amiel-1997/