La Turquie est un pays réputé pour ses plagiats fauchés de films hollywoodiens (allant de E.T. à L'Exorciste). Le plus connu est bien évidemment l'ersatz de la saga spatiale de George Lucas, L'Homme qui sauva le monde, qui semble finalement plus s'inspirer de Star Wars Holiday Special que de l'épisode IV.
Une chose est sûre, le film n'essaye pas de nous tromper sur la marchandise, puisqu'au bout de cinq minutes c'est déjà le foutoir le plus complet. La séquence introductive proprement indigeste tente tant bien que mal d'exposer un scénario totalement abscons tout en réutilisant continuellement une poignée de plans issus de la bataille finale d'Un Nouvel Espoir. On décroche bien vite de ce flot d'informations inutiles, ce qui permet de se concentrer sur les acteurs jouant les pilotes. Placés devant une toile sur laquelle est projetée des images de vaisseau, ils miment le mouvement de leur vaisseau, faisant eux-même les esquives de lasers ainsi que les plongées, comme les enfants imitant des avions dans la cour de récréation.
Cela permet d'avoir un petit aperçu des capacités de jeu de Cuneyt Arkin, apparemment réputé comme étant le Alain Delon turc (même si ses expressions grimaçantes me rappellent plutôt Jacquouille la Fripouille). L'acteur, manifestement impliqué, nous fait part d'intenses regards bovins remettant en cause le travail de Koulechov et agrémente ses exploits physiques de petits cris étouffés, censés dynamiser les combats. En réalité, ils n'en n'ont pas besoin puisqu'ils sont déjà rendus fascinants par un montage épileptique (au propre comme au figuré) et des accélérés aussi soudain que ridicules. De plus, Cuneyt Arkin fait appel à son passé de champion du monde de saut trampoline pour multiplier les cabrioles aériennes, si nombreuses que les séquences d'action en deviennent interminables (mais genre vraiment, c'était un supplice vers la fin). Heureusement, après avoir démembré une armée de peluches/momies en papier toilette/figurants avec un masque de fête foraine, le héros peut retrouver sa greluche, une blonde au sourire aussi crispé que le visage de Donald Trump.
Turkish Star Wars est donc un ratage complet, pour le plus grand plaisir des fans de nanars. Ce festival du n'importe quoi ne reprend que quelques éléments de l’œuvre originale et ajoute des séquences complètement hors-propos, notamment un tout un passage ahurissant sur l'Islam. Le résultat n'est qu'une suite d'événements sans queue ni tête. Et quand je vois que les héros sont à la recherche d'un cerveau, je ne peux pas m'empêcher d'avoir une petite pensée pour le scénariste, qui voulait juste déverser un peu de lui-même dans ses personnages.