Les dieux font la paire...
Un récit d’aventure tel que celui ci, ça vous ramène presque inévitablement en enfance.
Pour les péripéties extraordinaires, époustouflantes, les tournures épatantes du destin de personnages joués. Pour ce théâtre de lieux exotiques —pour ne pas dire fantasmagoriques. Pour la camaraderie empreinte de fraternité un brin pudique mais franche comme une rigolade ; pour l’espièglerie, la complicité.
Deux grands gamins. Caine, Connery, Dravot, Carnehan, c’est pareil. God’s holy trousers ! C’est pas Huston, sur son lit d’hôpital, qui vous aurait dit le contraire !
Je ne pourrai jamais égaler la critique de @Aqualudo que je vous invite à lire, tout comme je ne pourrai jamais revivre mes jeux d’enfants, mes histoires extraordinaires, mes exploits imaginaires, mes fuites superbes, irrésistibles et puissantes du monde réel et fade.
Sauf devant ce film.
La terre y est visiblement ronde et pleine de contrées prêtes à être explorées puis conquises.
Si l’aventure est avant tout une promesse, ici elle s’apparente à un (en)jeu d’enfant : jouer à la conquête d’un pays étranger, excitant l’imagination, jouer à en devenir le roi après avoir livré moultes batailles glorieuses. Jouer au soldat. Taquiner, fanfaronner, rire, se vexer, se déguiser, s’émouvoir, se soutenir. Et en plus on disait qu’il y avait un trésor, héritage de légende.
Finir chef de guerre, de tribu, roi ou demi dieu, puis s’ennuyer. Trouver sa princesse et la vouloir comme un nouveau jouet de noël. Puis le cauchemar du conquérant, le complexe d’Icare ; la roue de la fortune qui finira toujours par tourner.
Récit humain, charmant, attachant. Récit naïf, récit tragique.
On a pas envie de parler technique, son et lumière. On a pas envie de parler réalisation, interprétation, écriture, adaptation, logistique, budget, décor.
The man who would be king, on a juste envie d’y jouer comme quand on était gosse. Et on y joue un peu quelque part, on y croit, on le vit, on en rit et s’en émeut. Juste cette impression d’avoir joué avec deux grands gamins dans la plus grande cour de récré du monde, avoir conquis un royaume, raflé un trésor, touché du doigt l’espace d’un instant aussi fugace que le bonheur l’ivresse d’être devenu le roi de la montagne.
Et redescendre pour se rappeler à sa propre mortalité, au temps qui passe et nous laisse seuls avec nos souvenirs chers ; ceux qui disparaissent avec notre jeunesse et ses rêves fanés.
Plus qu’un film ; le dernier train à prendre pour l’aventure. Avant de pourrir, fou et amer.
Plutôt mourir roi des cons qu’en être le dernier.
(Merci à @Aqualudo pour le cadeau d'anniversaire !)