J'aime pas les araignées, c'est ma phobie number one depuis toujours, même une petite qui se balade paisiblement sur un coin de mon plafond et je me transforme en fiotte, mais je ne sais pas pourquoi cette bestiole me fascine d'un certain sens, notamment grâce à leur métabolisme incroyable et leur symbolisme mythologique. Déjà "Arachnophobie" m'avait assez traumatisé étant minot je voulais me payer une bonne tranche de frissons avec cette "Horrible Invasion". Je me colle donc dans mon plumard armé de ma grosse couverture, d'une Danette saveur caramel et d'un Kinder Bueno, mon kit de survie en somme, et je lance le film ...
Sacrebleu ! Un VHSrip bien vintage, ça c'est cool, ça rappelle le bon vieux temps, vraiment l'impression d'être un gosse, le filtre sépia offre un dégueuli visuel des plus savoureux, je plonge mes carrés de Kinder Bueno dans la Danette et m'engouffre dans cette histoire. Celle d'un petit village perdu dans l'aridité de l'Arizona qui va se retrouver en proie à une invasion massive d'araignées tueuses, le vétérinaire Rick Hansen, aux allures de cowboy, sera un des premiers à se rendre compte du danger et devra prévenir au plus vite les habitants, mais tout va très vite et l'armée de mygales ne fait que décupler heure après heure. William Shatner incarne ce héros avec tous ses stéréotypes les plus clichés, la virilité quasi machiste, s'éprenant de la belle blonde de service, et toujours là au bon endroit au bon moment, ça prête parfois à sourire mais le ton n'est quasiment jamais de l'ordre du nanardesque, et pourtant les dialogues ne volent pas bien haut, le scénario est simpliste et ouvert à pas mal d'aberrations. Mais étrangement ça fonctionne, on sait que c'est à moitié naze mais on est aspiré par l'histoire et l'angoisse qui en découle, forcément il faut un palier de décompression car les premières séquences sont déroutantes, comme ce travelling subjectif tremblotant jusqu'à la vache, première d'une longue lignée de victimes, une fois le cadre kitsch assimilé on se laisse charmer.
En fait je ne savais pas du tout à quoi m'attendre, genre des araignées marionnettes criardes qui allaient rendre le dossier ridicule mais en fait que neni, ce sont principalement de vraies mygales qui on été mise à disposition, et là j'ai été bluffé par le courage des acteurs/actrices qui pour la plupart s'en retrouvent recouvert de la tête au pied, même une pauvre gamine un moment sur son lit, chapeau ma grande. Et ce qui m'a aussi fait littéralement halluciner c'est comment les bestioles se font exterminer, au fil du film elles sont cramées, empoisonnées, ébouillantées, écrasées ou encore noyées, sauf artifices (mais je ne pense pas) c'est carrément un putain de génocide arachnophobe, même moi qui les hais j'ai eu un peu de peine pour elles, limite j'étais de leur côté pour qu'elles viennent à bout de ces humains qui se barricadent tels des espèces inférieures (perso je serais parti depuis longtemps de cet enfer). Car le reflet du film c'est aussi ça, deux races qui s'affrontent en armée, presque comme un tower-defense, les mygales se regroupent et se déploient en stratégie militaire, et l'excroissance des troupes arachnides est terrifiante, ça arrive de partout, laissant les survivants espérer pour mieux lancer une nouvelle offensive derrière, cruel mais juste.
Et puis il faut dire que les humains sont cons, enfin du moins pas fute-fute, si ils avaient été plus malins ils auraient brûlé ce talus bien avant plutôt que de faire leur expérience à deux balles, sanction, et le passage de la black qui tire au pistolet sur les araignées au sol c'est pas mal, tout ça pour se coller en plus une bastos dans la main à force de rien avoir dans la caboche, drôle. On assiste en quelque sorte à une sélection naturelle, efficace et expéditive, à l'instar des aliens qui te pompe le cerveau dans "Starship Troopers" ici tu fini en joli cocon soyeux et tu te dessèches aussi rapidement qu'un lendemain de cuite du nouvel an, l'homme se réduit donc à l'état de véritable vermine, et comme le dit si brillamment Shatner "le microscope s'est inversé", bravo toi t'es moins con et plus éclairé que les autres, tu vas survivre. Enfin pour quelques temps seulement, car ce que j'ai vraiment adoré c'est cette fin, elle est géniale, une vision apocalyptique terrifiante, je suis resté littéralement pétrifié, même si c'est un poil exagéré c'est impressionnant de pessimisme, rien que pour cet ultime plan ça valait le coup de regarder ces 1h25 de film flottant entre de bonnes idées et une médiocrité apparente plutôt assumée.
Donc pour le constat, "L'Horrible Invasion" est un long métrage d'épouvante correct, qui a son lot de défauts et un format vieillot qui ne passe pas inaperçu, mais qui reste néanmoins efficace grâce aux efforts de mise en scène et à certains points du scénario qui méritent qu'on s'y attarde, une sorte de faux navet. À voir par curiosité.