Après la sortie des Dents de la Mer, on le sait tous, les producteurs s’engouffrèrent dans la brèche pour nous pondre des films de bestioles en colère, des crocodiles aux grizzlis en passant par des rats. L’Horrible invasion, qui s’inscrit totalement dans cette mouvance, est souvent dédaigné alors que cette série B a de véritables atouts à faire valoir. D’abord, elle utilise de véritables mygales impressionnantes dont les déplacements sur les corps font impression. Elle parvient, ensuite, à sortir des sentiers battus avec son final crépusculaire. Si elle débute mollement, elle gagne, enfin, ses galons au fur et à mesure du film, contrairement aux autres productions qui ont plutôt tendance à se perdre dans la surenchère pour s’achever sur un final providentiellement expédié.
On pourra, en outre, apprécier le ton général du film qui le relie aux classiques du genre et, notamment, Tarantula ! ou Les Monstres attaquent la ville, non par le prisme de la figure de l’envahisseur, mais par celui d’un État du Sud, plutôt isolé, où les esprits sont plutôt étroits. Cette peinture sociale propre au cinéma des années 70 avec ses ploucs un peu bourrins dont la figure tend à évoluer tout au long du film donne un ton particulier au film. Ce contexte propre à la série B est outrageusement mis en avant durant la première partie du film avant de se retourner une fois que le danger se précise. Le personnage de William Shatner évolue ainsi de façon positive, élément souvent évacué dans des séries B qui se contentent de personnages caricaturaux sans subtilité.
Le résultat est donc loin d’être aussi mauvais qu’on peut le lire ici ou là. Au contraire, on a un film qui sait jouer avec les codes du genre, qui réussit globalement plutôt bien ses scènes d’attaques et un récit dont l’intensité grimpe d’intensité avec habileté. On reste, bien entendu, dans une série B, mais une série B roublarde qui filme parfaitement son environnement et qui parvient à créer un réel climat de terreur jusqu’à son final intelligent. Un film qui mérite mieux que sa réputation et qui boxe aisément dans la catégorie des réussites du genre.